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Un an après s’être intéressé Euronews, le fonds portugais Alpac Capital a racheté le média européen pour en faire une chaîne de news et de débats sur l’Europe. Interview exclusive de son CEO, Pedro Vargas David.

Votre fonds rachète à l’Égyptien Naguib Sawiris ses 88 % du capital d’Euronews. Est-ce que cela augure d’un recentrage sur l’Europe ?

PEDRO VARGAS DAVID. Oui et non. Euronews a toujours bénéficié d’une grande indépendance éditoriale et n’a jamais perdu son identité européenne. Mais c’est vrai que c’est un retour encore plus fort de cet ancrage. Je me sens moi-même fils de l’Europe ayant vécu toute ma jeunesse à Bruxelles, venant d’une famille d’Européens convaincus, ayant habité et étudié en France et en Autriche. Nous voulons mettre Euronews au centre du débat européen. On peut faire mieux en traitant de Bruxelles, de la politique énergétique, de la croissance économique… Tous ces sujets doivent être discutés dans une vision pro-européenne et pro-Alliance Atlantique, car la sécurité est essentielle pour l’Europe. On doit être capable d’être pro-européen mais aussi de poser des questions et d’apporter un espace critique pour le débat. Il s’agit de redonner une voix à l’Europe mais aussi aux citoyens envers les institutions européennes.

Quid de la filiale Africa News ?

Nous avons une ambition globale et des plans que nous dévoilerons avant l’été. L’Afrique est aussi une priorité – j’y ai moi-même des racines - mais nous voulons être plus présents dans le monde, potentiellement avec une nouvelle marque, y compris en Amérique latine en langue espagnole.

Michael Peters reste dans l’entreprise comme président du conseil d’administration. Allez-vous reconduire le management ?

Oui. Nous nommerons un nouveau directeur général, un Français probablement. Ce sera un signe de notre engagement envers la France. Outre le conseil d’administration, l’actionnaire nommera aussi des représentants au comité éditorial, pour remplacer les représentants de l’actionnaire sortant.

Euronews emploie 500 personnes et a réalisé 13 à 14 millions d’euros de pertes. Il y a eu deux plans sociaux par le passé. Allez-vous baisser les effectifs ?

Nous voulons développer les revenus en rendant le produit plus attractif pour les entreprises et c’est impossible de faire cela avec moins de gens. On est déjà à la limite. Ce sera une stratégie de croissance. En 2025, nous tablons sur un profit opérationnel de 12 millions d’euros. Nous sommes prêts à investir fortement dans le digital et en TV. Nous avons créé un fonds de 250 millions d’euros dont Euronews est la première acquisition – représentant la majeure partie de cette somme. Ce média est le seul à avoir une couverture depuis Bruxelles en TV et en plusieurs langues. L’équilibre est prévu d’ici à un an, en 2023, après -5 millions en 2022. Avec le temps, par souci d’indépendance, on sera moins dépendants des subventions européennes.

Comptez-vous appuyer le développement de franchises comme en Albanie, en Roumanie, en Serbie ?

Cela peut être une solution pour nous agrandir, notamment en Europe du Nord. Nous n’avons pas le suédois, le néerlandais, le danois, le tchèque, le polonais, l’ukrainien… Euronews restera très rigoureux sur ses partenaires et continuera de nommer les rédacteurs en chef des opérations de franchises.

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