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Le Net, c'est tout un art
29/03/2007 - par Delphine Le GoffChronic'art a démarré sur Internet avant tout le monde, en 1997. Sa version papier se veut le magazine culturel de la génération Internet.
Le service militaire avait du bon, finalement... On lui doit en tout cas la création de l'un des titres de la presse branchée française, Chronic'art. En 1997, Cyril de Graeve, fondateur du mensuel, fait ses classes au Sirpa, le Service d'informations et de relations publiques de l'armée. Il y trouve le temps un peu long. Avec quelques coreligionnaires, le jeune étudiant en journalisme décide de lancer un site Internet consacré à la culture, Chronicart.com. Audacieux : le réseau des réseaux est alors encore quelque peu balbutiant. Les fondateurs ont une intuition, certes, mais le Web présente surtout l'avantage « d'être moins cher que le papier »... Dans l'euphorie Internet du début des années 2000, des fonds investissent dans le site Chronic'art, qui contient à l'époque, comme son nom l'indique, des critiques de cinéma, de livres et de musique. En 2001, profitant de l'arrivée d'un nouveau fonds d'investissement, l'équipe se lance en kiosque. « Lorsque nous avons débuté, le Net était un terrain vierge. Aujourd'hui, nous estimons que c'est dans la presse que tout est à réinventer », explique Cyril de Graeve, dans sa rédaction de la rue Béranger, à Paris, non loin des locaux d'un titre mythique, Libération. Passé de bimestriel à mensuel en mai 2006, le titre se veut « une alternative aux Inrocks et à Technikart, qui sont les magazines de la génération télé ». Pour reprendre une expression marketing tarte à la crème, Chronic'art reste fidèle à son ADN : « Nous sommes le magazine culturel de la génération Internet, cette génération qui est née avec des machines. On a un peu zappé la télévision... »
Pourtant, la meilleure vente du magazine (diffusion 24 000 exemplaires, dont 20 000 dans les kiosques et 4 000 abonnés, source éditeur) est due à une couverture, en février 2007, sur... un animateur du petit écran, Frédéric Taddeï. « On rallume la télé ? », s'interroge à cette occasion le magazine. Contradiction ? « Non, nous voulions surtout rendre hommage à l'émission de Taddeï, qui marque un retour au débat, dans l'esprit des programmes des années 1970 ou 1980..., se défend Cyril de Graeve. Par ailleurs, notre autre meilleure vente, en décembre 2006, était un numéro consacré à la Wii, la dernière console de jeu de Nintendo ! »
Ne pas faire comme tout le monde
D'aucuns estimeront que le titre est plutôt intello. Normal, c'est fait exprès. « C'est sûr, on ne nous lit pas dans le métro ! », reconnaît le fondateur. « Nous avons une image pointue, mais exigeante. Et nous nous voyons comme un magazine généraliste, avec un regard ultra- spécialisé sur chaque sujet. Nous croyons à la valeur réflexive de la presse et concevons chaque numéro comme un collector. » Ainsi, pas question de faire comme tout le monde dans le prochain numéro, qui sera consacré à la présidentielle. « Nous ne donnerons pas notre avis sur les candidats, annonce de Graeve. Nous allons surtout nous intéresser aux jeux sur le langage, avec des experts en sémantique, car cette élection est avant tout une bataille de mots. »
S'il est un autre domaine sur lequel les fondateurs restent intransigeants, c'est le prix du magazine : 2,90 euros. « Nous accompagnons les mutations de la presse. Aujourd'hui, un magazine ne doit pas être cher, il faut en donner beaucoup plus que pour son argent », estime Cyril de Graeve, qui ne cache pas ses ambitions, à savoir « devenir leader du marché ». Pour ce qui est du site chronicart.com, il reçoit 80 000 visiteurs uniques par mois pour 600 000 pages vues. Pour l'heure, son fondateur se félicite des reprises dans la presse. « Nous avons souvent l'impression d'être le laboratoire de celle-ci », souligne-t-il. Mais, pour séduire le plus grand nombre, est-il bon d'être en avance ?