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Springer passe d'abord par la case Web
05/07/2007 - par David MEDIONIAlors qu'il peine à boucler le budget pour lancer son Bild français, le groupe allemand acquiert Aufeminin.com, leader européen de l'information féminine sur Internet.
On l'attendait sur le papier avec son Bild français, il arrive sur le Net. Une façon de masquer les difficultés liées au lancement de son quotidien populaire dans l'Hexagone ? En tout cas, mercredi 27 juin, le groupe allemand Springer a officialisé le rachat du portail Aufeminin.com. Pour 284 millions d'euros, le groupe de presse va faire l'acquisition du leader européen de l'information féminine sur Internet, lancé en 1999 avec 40 000 euros par Anne-Sophie Pastel, Cyril Vermeulen et Marc-Antoine Dubanton. Avec 4,3 millions de visiteurs uniques par jour en France, Aufeminin.com s'est imposé depuis sa création, en 1999, comme la référence parmi les portails consacrés aux femmes. L'opération a été conclue sans coup férir par Springer, devant des groupes comme Lagardère, qui renâclait devant la capitalisation boursière du site. Elle démontre une fois de plus la volonté du géant allemand de s'implanter fortement en France.
Secouer le cocotier médiatique
Faut-il voir une stratégie très claire d'implantation dans l'Hexagone ? « Nous n'avons aucun objectif chiffré pour la France. La concomitance du Bild et d'Aufeminin.com est une sorte de hasard », répond Andreas Wiele, membre du directoire chargé des magazines et de l'international. Cette acquisition dans Internet, « conforme à la volonté du groupe de se diversifier sur le Web et d'être l'un des leaders de l'information féminine », montre en fait l'importance stratégique du Web dans l'évolution de Springer. En effet, il y a moins d'un an, le groupe berlinois décidait de revendre son mensuel féminin Bien dans ma vie à Prisma Presse. Cette fois, il choisit de revenir sur ce marché, mais en lâchant le papier pour l'édition en ligne. « Nous avons constaté qu'aucun titre de presse écrite féminine n'avait réussi à devenir leader, contrairement à Aufeminin.com sur la Toile. Nous sommes dans une logique de marché féminin en ligne », souligne Andreas Wiele. Et de poursuivre : « Le print et le Web sont deux métiers différents. Un bon journaliste de presse écrite n'est pas forcément un bon journaliste Web, et inversement. Internet bouscule toutes les certitudes journalistiques. »
Secouer le cocotier médiatique, voilà bien l'une des stratégies de Springer. Le projet de « Bild à la française » y participe largement. Concocté dans le plus grand secret dans le VIIIe arrondissement de Paris en attisant soigneusement la curiosité, ce quotidien se veut le réceptacle populaire des mécontents et des arnaques en tout genre. De quoi exciter l'intelligentsia médiatique et susciter de nombreux grincements de dents. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si Springer peine à boucler son investissement. « Nous n'avons pas résolu toutes les questions et c'est pour cela que nous ne pouvons pas encore donner de réponse. Nous avons toujours dit que nous prendrions cette décision dans le courant de l'été et nous ne sommes pour le moment qu'au début de l'été », confirme Andreas Wiele.
Principale question en suspens : la distribution. Début 2007, dans un entretien au Figaro, le président d'Axel Springer France, Robin Leproux, avait souhaité que les Nouvelles Messageries de la presse parisienne ouvrent « 10 000points de vente ». Un souhait qui n'a pas été entendu. De même, les approches de Springer auprès d'autres groupes de presse (de presse quotidienne régionale notamment) pour profiter de leurs réseaux de distribution n'ont pas abouti.
Une femme nue chaque jour
Résultat : Springer a été obligé de chercher un partenaire pour parvenir à lancer ce tabloïd. TF1 a été contacté et étudierait la question. Vincent Bolloré, lui, a déjà répondu. « Je n'investirai pas dans un journal dont la spécialité est de regarder le petit côté moche de la vie personnelle », a-t-il déclaré à l'Association des journalistes médias après avoir vu la maquette du numéro zéro qu'Havas lui avait apportée. Et de citer l'exemple de la célèbre femme nue qui figure chaque jour dans l'édition allemande du Bild... comme dans la prémaquette du Bild français. D'ici à la fin de l'été, Springer aura pris sa décision. « Nous avons une grande confiance dans le marché publicitaire français », conclut Wiele. La tentation française est bien là.