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Agoravox souhaite redonner de la voix
07/02/2008 - par Alexandre DeboutéDe plus en plus concurrencé, le « média citoyen » veut associer des journalistes à sa démarche et crée une fondation pour assurer sa pérennité.
Difficile de trouver sa place parmi les francs-tireurs du Web. Lancé en 2005, le pionnier français du journalisme citoyen Agoravox doit revoir sa copie. Le site va conserver sa forme actuelle, mais relance ses enquêtes participatives (« wiki-enquêtes »), dont l'idée est d'associer le travail de journalistes professionnels à des contributions d'internautes. L'enjeu : faire évoluer le modèle face au succès croissant des fameuses « nouvelles fabriques de l'information » (Rue 89, De source sûre, Bakchich, Arrêt sur images, Mediapart, etc.).
Clarifier la ligne éditoriale
La formule du 100 % citoyen aurait-elle du plomb dans l'aile ? Agoravox revendique un million de visiteurs uniques par mois et se targue de faire partie des dix médias les plus cités par les blogueurs. Mais, selon ce classement réalisé par Wikio, Agoravox arrive derrière Rue 89, dont le lancement est plus récent... « Ce que pense Monsieur Tout-le-monde n'est pas toujours très intéressant, explique Thierry Maillet, auteur de Génération participation (M21 Éditions). Le modèle d'Agoravox est respectable, mais l'absence de contenus pointus a créé un vide qu'ont très bien su capter des sites comme Rue 89. »
Le portail fondé par Carlo Revelli souhaite donc retrouver de sa crédibilité pour répondre à la demande de « participatif intelligent » des internautes. À la différence de Rue 89 ou de Bakchich, qui sont pilotés par des journalistes issus des médias traditionnels, Agoravox doit résoudre des problèmes d'image. Critiqué pour sa ligne éditoriale peu claire, le site peine à renouveler son audience. Pour Gilles Klein, ancien journaliste à Libération et créateur de Lemondedublog.com, Agoravox entretient aussi la confusion entre citoyens-reporters et journalistes professionnels. « Présenter les rédacteurs du site comme des reporters n'est pas correct, estime-t-il. De nombreuses contributions ne font que rapiécer des bouts de textes publiés ailleurs. » Selon lui, le portail servirait surtout de relais aux blogueurs voulant se mettre en avant.
Conscient des évolutions à apporter, Carlo Revelli croit néanmoins à son modèle. Hormis le lancement des enquêtes collaboratives, qui seront financées par des donateurs, Agoravox souhaite devenir une plate-forme de médias citoyens en donnant la possibilité à n'importe qui de créer son propre Agoravox. Le site lance en même temps une fondation, sur le modèle de Wikipedia ou de Linux. C'est le prix de son indépendance.