Numérique
L’autorité de la concurrence allemande se prépare à imposer des limites dans les activités du géant de la pub en ligne, en vertu d’une loi sur les entreprises importantes sur un marché. Un prémice de ce qui les attends au niveau européen.

Le gendarme allemand de la concurrence s'est dit prêt mercredi 5 janvier à imposer des limites aux activités du géant américain Google dans le pays, en application d'une récente loi renforçant ses pouvoirs face aux poids lourds du net. A la suite d'une enquête ouverte il y a quelques mois contre Google et sa maison mère Alphabet, l'Office fédéral anti-cartel a conclu que ces entreprises disposent d'une «importance significative sur les marchés», ayant un impact sur la concurrence. Le régulateur peut donc «désormais prendre des mesures contre des pratiques anticoncurrentielles spécifiques de Google», a indiqué le président de  l'organisme, Andreas Mundt, dans un communiqué. 

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L'Office anti-cartel ne fait ici qu'appliquer une loi entrée en vigueur l'an dernier, qui renforce ses pouvoirs face aux entreprises, essentiellement numériques, dominant le marché. En vertu de ce texte, des enquêtes avaient été lancées contre Facebook, Amazon et Google. Mais la décision visant Google est la première rendue par l'antitrust allemand. La loi permet notamment de prendre des mesures immédiates pour empêcher certaines pratiques anticoncurrentielles des entreprises en situation de domination sur les marchés, ce qui est donc le cas de Google, selon le gendarme de la concurrence. 

«Avec plus de 80% des parts de marché, Google occupe une position dominante sur le marché des services de recherche générale en Allemagne et est le principal fournisseur de publicité pour les recherches», explique l'autorité. Par ailleurs, , via «YouTube, Android, Play Store», notamment. L'entreprise peut donc «fixer des règles et des conditions pour d'autres entreprises sur les marchés», estime l'organisme. 

Ce n'est qu'un début

Concrètement, le gendarme de la concurrence pourra par exemple encadrer la mise en avant des services de Google, comme YouTube, Gmail, ou Google Pay, sur ses plateformes - sur Android, par exemple. L'utilisation des données de clients de Google, lorsqu'ils sont également des concurrents sur d'autres marchés, pourrait également être limitée. 

Avec cette loi, l'Allemagne fait figure de pionnière dans la lutte contre les pratiques anti-concurrentielles des géants du numérique en Europe. Elle s'inscrit dans un contexte d'offensive contre les géants américains du numérique ces dernières années partout en Europe. Ainsi, l'Autorité française de la concurrence avait condamné l'an dernier Google à 500 millions d'euros d'amende pour l'absence de «bonne foi» dans ses négociations avec les éditeurs de presses sur les droits voisins du droit d'auteur. 

L'Europe dans le sillage

La justice européenne a de son côté confirmé en novembre une amende de 2,42 milliards d'euros contre le géant, prononcée en 2017, pour avoir favorisé son comparateur de prix Google Shopping. De son côté, Microsoft a également écopé de plusieurs sanctions européennes dont une de 561 millions d'euros, infligée en 2013, pour avoir imposé son navigateur Internet Explorer aux utilisateurs de Windows 7. Amazon, Apple et Facebook ont aussi fait l'objet en Europe d'enquêtes sur des violations présumées de règles de concurrence.

L'Union européenne travaille depuis plusieurs mois à l'adoption d'un projet de régulation similaire à la législation allemande, destinée à définir des règles spécifiques aux géants du numériques, qualifiés d'«acteurs systémiques». Ce type de contraintes et de décisions ne pourrait donc être qu’un début pour le géant du numérique. 

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