Ils vont faire 2018
Cet article est extrait du dossier « Ils vont faire 2018 » du numéro 1931 de Stratégies paru le 4 janvier 2018.

Claude Chaffiotte (Accenture Interactive), l'attaquant

Avec dix acquisitions en douze mois, Accenture Interactive a donné le ton en 2017. Le dernier rachat, celui de l’agence de publicité indépendante irlandaise Rothco en décembre, a plus que confirmé les ambitions du géant du conseil de s’attaquer aux acteurs traditionnels. Un mouvement stratégique entamé fin 2016 avec la reprise du britannique Karmarama, poursuivi quelques mois plus tard avec l’australien The Monkeys, et qui sera entretenu cette année. Mais avant toute chose, le cabinet finalisera le rachat d’Altima, agence française indépendante spécialisée dans le commerce digital. « Notre plan d’acquisitions en 2018 est comparable à celui de 2017, avec une fourchette comprise entre 1,1 et 1,4 milliard de dollars », annonce sobrement Claude Chaffiotte, directeur d’Accenture Interactive France et Benelux. Avant de préciser que l’an dernier, ce chiffre a été dépassé pour atteindre 1,7 milliard. Le cabinet de conseil, qui accompagne les marques dans leur transformation numérique et leur stratégie marketing, se dit de plus en plus interrogé en création de contenus. Or, pour Claude Chaffiotte, les agences de publicité « font partie du contenu, car elles créent des big ideas ». Mais l’ex-CEO de J. Walter Thompson Paris (2010-2016) ne s’intéressera qu’aux « agences à connotation créative » nourries à la « techno et à la data ». Pas aux « créatifs du vieux modèle de la TV » ! Du haut de ses 17 rachats ces trois dernières années, l’homme observe le marché français de la publicité et le voit « souffrir énormément, à l’exception des deux holdings, Publicis et Havas, et quelques indépendantes ». « Victime de “commoditisation”, le milieu du marché voit ses revenus baisser de même que ses marges », poursuit le dirigeant, pour qui « on ne peut en sortir que par l’innovation ». Comprendre, la technologie. Alors, en 2018, Accenture restera « opportuniste », y compris en France, rachetant « des pépites de taille petite et moyenne ». Exit l’absorption d’un géant comme Publicis ou WPP – le PDG Pierre Nanterme l’a rappelé aux Echos en fin d’année. Accenture va demeurer « très clairement en position d’attaque ». Le cabinet a deux ans pour devenir le « leader de l’expérience client ».

 

Matthieu de Lesseux (Havas Creative), entre deux mondes

« J’ai deux missions : je suis président d’Havas Creative donc je chapeaute les agences créatives du groupe [Havas Paris, HumanSeven, Fullsix, la digital factory…] et j’ai une fonction transverse qui consiste à se demander comment accompagner les clients dans leur transformation digitale de bout en bout. » À la rentrée 2017, Matthieu de Lesseux était nommé au poste nouvellement créé de CEO Havas Creative France. Une nomination surprise pour l’ex coprésident de DDB Paris et du groupe DDB France, qui avait annoncé au moment de son départ d’Omnicom, en janvier 2017, qu’il ambitionnait de lancer sa propre structure. « Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis ! Quand Havas m’a appelé, j’ai retrouvé cette excitation de la nouveauté, je trouvais le projet enthousiasmant », expliquait-il à Stratégies dans une interview publiée le 19 octobre 2017. Le fondateur de l’agence Duke, qui a aussi présidé Razorfish, pilote désormais les activités créatives regroupant Havas Paris, HumanSeven, Fullsix France et la Havas Digital Factory. Il sera membre du comité exécutif du Havas Village France, présidé par Raphaël de Andréis. Chez Havas, Matthieu de Lesseux ambitionne non pas de fusionner digital et création, mais de faire en sorte qu’« elles cohabitent et coexistent sans empiéter l’une sur l’autre ». Une philosophie qu’il mettra en application en 2018, année où Havas Paris va déployer une nouvelle stratégie, avec une volonté de monter en puissance sur la créativité, tout en conservant la culture de consulting inhérente à l’agence.

 

Pierre Calmard (Dentsu Aegis Network), avec philosophie

Le titre de son ouvrage est L’Homme à Venir… Sous-titre ? « Comment le numérique va nous transformer ». En octobre 2017, Pierre Calmard, était nommé General manager pole media & performance chez Dentsu Aegis Network France. Sa mission ? Chapeauter les activités média data et performance digitale du groupe. Pierre Calmard, CEO de iProspect, ex-DG de Netbooster IQ et d’Isobar, a également créé le service nouveaux médias de Médiamétrie. Chez Netbooster, il a lancé l'un des tous premiers trading desks, avant de prendre la tête de Netbooster International. En 2012, Pierre Clamard rejoignait Aegis Media en 2012 pour lancer iProspect et développer les solutions d'achat programmatique. Il travaillera main dans la main avec Olivier Sebag, qui dirige des activités des agences de création et avec lequel il partage le titre de directeur général de Dentsu Aegis Network France. Cet entrepreneur a choisi, sur sa page de présentation, une phrase de Sénèque : «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.»

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