Chronique

[Chronique] Partout sur la planète, des catastrophes naturelles, et pour la Tech dont on suppose qu’elle a encore accéléré leur rythme, ce n’est plus la fête non plus. Métavers, Google, Apple... Résistons à la morosité et cherchons des raisons d'espérer.

Tempêtes, sécheresses, incendies, … le bilan de l’été – de nos étés désormais ? – est écrit. Partout sur la planète, des catastrophes naturelles, et pour la Tech dont on suppose qu’elle a encore accéléré leur rythme, ce n’est plus la fête non plus : malgré le soleil, les start-up font grise mine. Cours de bourse en chute ou annonces maussades, les entreprises technologiques marquent le pas. Avez-vous remarqué qu’Aramco, la major pétrolière saoudienne, est passée depuis plusieurs mois à la tête des capitalisations boursières mondiales, loin devant les géants de la tech ? 

Été alarmant suivi d’une rentrée inquiétante. Le président de la République en personne nous annonce « la fin de de l’abondance et de l’insouciance ». 

Bref, résistons à la morosité qui donne envie de se cacher sous sa couette, une mauvaise idée par 30 degrés, et cherchons des raisons d’espérer. Du rose. De l’amour. C’était les vacances et l’été, une saison propice à l’amour, qu’il brûle, vente ou que le Nasdaq dévisse. 

Parler d’amour, d’abord, parce je voulais vous annoncer que j’ai marié Fabernovel à EY au début de l’été sans ban ni faire-part ici, chers lecteurs de Stratégies. Un excellent parti, nos familles sont ravies et nous serons plus forts en couple pour nous attaquer aux enjeux brûlants des transitions écologiques et numériques. 

Autre effet de l’amour, le métavers est déjà là. Je l’ai enfin aperçu. Une relation amoureuse adolescente, avec ce qu’elle a d’exclusif, trouve avec les smartphones un univers proprement « pervasif » : permanent et invasif. Une bulle, une dimension nouvelle, inconnue, qui n’est ni physique ni virtuelle, comme un tunnel spatio-temporel. Tim O’Reilly – déjà père de la notion de Web2.0 – a raison de nous rappeler que le métavers ne sera pas forcément le grand soir de Meta ou d’Epic Games mais bien une constellation de Zoom, Fortnite, Teams, Omniverse...Il paraît que Motorola a fini de se convaincre du potentiel du téléphone portable quand des sociologues lui ont démontré que l’enjeu n’était pas de pouvoir communiquer en déplacement mais de pouvoir contacter à tout moment la personne aimée. Je ne suis toujours pas convaincu que les casques de Mark Zuckerberg soient les véhicules, les Ford T, du métavers mais oui, il existera forcément grâce à des terminaux. On attend donc Apple en 2023 et ce sont les amoureux modernes qui inaugurent le grand métavers en premier. 

D’ailleurs, amour toujours, je me souviens de deux conversations qui m’avaient amusé. Il y a déjà quelques années, une amie m’avait expliqué que quand inéluctablement les relations initiées sur les sites de rencontre ou les réseaux sociaux, en arrivaient aux SMS, ses amies faisaient le tri entre les messages dans des bulles bleues (iMessage, émis d’un iPhone vers un iPhone) de ceux reçus d’un terminal sans quartier de pomme ou de noblesse, tout verts. Cette discrimination serait sur le point de disparaître. Google fait campagne et prend le grand public à témoin aux États-Unis pour qu’Apple accepte enfin de soumettre sa messagerie au protocole RCS pour « réparer l’expérience de messagerie ». 

Au restaurant l’année dernière, l’oreille qui traînait, je me régalais d’une conversation entre quatre copines dont l’une annonçait fièrement qu’elle ne payait aucun abonnement Spotify, Netflix, Disney, Canal+ ou encore Paramount. Elle devait tous ses codes à ses ex – un par service – et ceux-ci la débranchaient parfois avec plus ou moins d’élégance. Ahh, la nouvelle parade amoureuse et les usages des séparations à l’ère numérique ! À qui appartiendront les likes sur les photos de vacances ? En tout cas, au sujet des abonnements, une information qu’on attendait avec encore plus de certitude que le dérèglement climatique cet été : aux États-Unis, le nombre de spectateurs « en streaming » a définitivement dépassé celui du câble. The End ? Est-ce que cela suffira à faire accepter le mariage de raison de TF1 et M6 en France, mouvement critique pour le futur du paysage audiovisuel européen ? L’air de rien, nous assistons à la remise à plat des notions de concurrence et de marché, une nouvelle carte du tendre économique. 

Dernière information sensationnelle de l’été pour boucler la boucle, urgence environnementale, cycles de la vie et de l’amour. La banque HSBC a publié une étude qui fera date : contrairement au consensus de l’ONU qui prévoit que la population mondiale atteindra les 10 milliards à la fin de ce siècle, la banque prédit qu’elle diminuera de moitié, à 4 milliards, à cause du vieillissement en hausse sensible et de la chute spectaculaire du taux de natalité, deux tendances déjà à l’œuvre. Toutes nos prévisions en seraient bouleversées et la planète, son climat et sa biodiversité y gagneraient. 

Fin des vacances, de l’abondance et de l’insouciance, sans doute, mais en amour et pour l’avenir, le cœur aura toujours ses raisons que la raison ignore. 

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