En s'invitant de manière non sollicitée au capital d’Ubisoft et Gameloft, Vincent Bolloré offre une intéressante préfiguration des limites d'une stratégie de convergence volontariste. Ajouter un acteur mondial des jeux vidéo à un portefeuille d'actifs qui comprend déjà des positions très fortes dans la musique, la production, la télévision payante et la communication publicitaire, quoi de plus évident? Mettre tout cela en synergie, quoi de plus naturel?

Ainsi, telle star de la chanson fera une tournée dans les salles de spectacle maison, la tournée sera sponsorisée par une marque avec laquelle sera réalisée une campagne publicitaire, la captation de ses prestations sera réalisée et diffusée en priorité sur les plateformes du groupe… On est en droit de penser que la mise en synergie des actifs de Vivendi sera un peu plus subtile que cela, mais d’aucuns pointent une vision industrielle de cette stratégie, une vision qui semble faire fi de la matière première de ce groupe: le talent, l'humain. On n'assemble pas des artistes et des marques comme on le ferait dans l'automobile électrique ou le commerce portuaire en Afrique.

Si Vincent Bolloré parvient à s'emparer d'Ubisoft à la hussarde, il y a fort à parier que les créatifs et les geeks qui font le succès des jeux vidéo iront voir ailleurs. Peut-être tout cela se conclura-t-il par l'un de ces allers-retours boursiers qui ont fait la réputation de l'ex-«petit prince du cash-flow». En attendant, Havas a perdu un très joli budget de communication, les frères Guillemot, les fondateurs d'Ubisoft et Gameloft, l'ayant retiré au groupe, en représailles. Au grand dam des dirigeants opérationnels des deux groupes. L'affaire prend valeur d'avertissement.

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