L’indépendance est-elle un luxe? Dans le marché français des agences de communication structuré par deux groupes hexagonaux dominants (et membres du club des leaders mondiaux) et quelques filiales locales de réseaux américains, la question n'est pas rhétorique. Faut-il parler d'un marché en coupe réglée, comme on l'entend souvent, où quelques-uns ne laisseraient que les miettes à une myriade de PME et TPE? En tout cas, cela n'a pas empêché pas le nombre d'enseignes indépendantes d'avoir augmenté significativement ces dernières années. Un signe bienvenu de courage et de dynamisme.

Les avantages de l'indépendance sont connus: agilité, liberté, créativité… A entendre certains des patrons d'agences indépendantes interrogés par la rédaction pour notre dossier cette semaine, travailler dans les grands groupes reviendrait à passer son temps entre reporting financier et politique interne, au détriment de la créativité. La réalité est certainement un peu plus nuancée, mais la question de l'innovation «organique» reste posée dans les très grandes entreprises.

Pourtant, l'indépendance est tout sauf un chemin pavé de roses. Le sujet est lié à celui de la taille, de la surface financière. Et donc à celui de la capacité à résister. Dans les entreprises indépendantes, ces questions se posent avec d'autant plus d'acuité que celles-ci sont plus exposées aux aléas économiques, aux mauvais payeurs et aux effets de ciseaux. Il faut croître, certes, mais jusqu'où? La profession de foi de nombreux patrons d'agences, «ni fourmi ni baleine», est-elle tenable? Un questionnement auquel fait écho la formule du publicitaire américain Jay Chiat: «How big can we get before we get bad?» A tous égards, l'indépendance reste un combat.

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