«Lorsque j'étais ministre de Clinton, je m'occupais des quotas agricoles, et notamment de ceux du maïs. Et vous savez quoi, aujourd'hui, je m'occupe de cinéma. Et quel est l'élément central dans l'économie du cinéma? Le pop-corn. Avant je le cultivais, maintenant je le vends.»

Ainsi parle Dan Glickman, passé du gouvernement américain à la tête du lobby du cinéma, la MPAA. Des personnages de cette trempe peuplent le livre Mainstream, enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde que publie Frédéric Martel chez Flammarion.

Enseignant et chercheur, mais aussi animateur-producteur de l'émission Masses critiques sur France Culture, l'auteur s'emploie à décrire et à analyser les ressorts de cette culture «mainstream» dans le cinéma, la musique, la télévision, les jeux vidéo, la presse, etc.

Nouvelle arme

Cette remarquable enquête de 450 pages dans les coulisses des industries de contenus débute aux États-Unis puis met le cap sur l'Asie (Chine et Inde), le Moyen-Orient et l'Amérique latine, où de nouvelles puissances s'emploient à prendre le contrôle du «mainstream». Amorcée avant Internet, la bataille se mène désormais avec cette nouvelle arme. L'auteur formule l'hypothèse, en conclusion de son livre, que l'âge numérique ne menace pas la culture «mainstream», mais la renforce plutôt.

Mais le «mainstream» n'est pas qu'une lointaine affaire de géopolitique culturelle. C'est aussi le cœur de la programmation des chaînes de télévision généralistes, le cœur des stratégies des marques de grande consommation, le cœur du palmarès, ces dernières années, d'un festival comme celui de la publicité, à Cannes. C'est aussi pour cela que l'ouvrage de Frédéric Martel – qui n'aborde pas directement ces sujets – est passionnant.

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