On attend l'émission politique télévisée de grande audience au cours de laquelle l'invité sera placé sous le feu roulant des tweets d'une nouvelle race de téléspectateurs: les «fact-checkeurs», les vérificateurs de faits. Politique-fiction? Pas si sûr.

Le «fact-checking» consiste à vérifier et si besoin à contester et corriger les propos, les chiffres, les affirmations des politiciens et autres dépositaires de «l'autorité». Cette pratique s'est développée aux Etats-Unis, où elle est devenue une forme assez courante du journalisme. En France, cela ne fait que commencer à l'occasion de la campagne présidentielle (lire page 10).

Placer la parole des politiques sous surveillance, est-ce une bonne chose? Oui, si cela peut limiter les bobards assénés sans vergogne et rectifier les approximations. Plus largement, cela s'inscrit dans un processus de dynamitage de la verticalité de la parole des «sachants»...

Les hommes politiques ne sont pas les seuls concernés. Les entreprises et les marques peuvent l'être tout autant. L'industrie nucléaire est ainsi un bon exemple des changements que porte le «fact-checking».

Pour les médias, il ne s'agit pas seulement d'un retour aux basiques du journalisme (vérifier les infos). C'est, pour certains, un enjeu marketing dans un secteur très concurrentiel. Pour tous, cela peut être l'occasion d'entamer un processus de recrédibilisation de leur parole.

Mais le «fact-checking» a un petit frère et on ne sait pas encore si c'est un monstre: le «fast-checking», la vérification en «live». Et là, gare à la course de vitesse, à la surenchère et à toutes les formes de dérapage hélas aisément prévisibles. Passer de la surveillance au tribunal ne sera pas un progrès.

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