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Faut-il nécessairement être ingénieur pour monter une start-up? Non. Cette semaine, Alice Zagury, cofondatrice et directrice générale de The Family, a choisi de partager avec les lecteurs/lectrices de Stratégies quelques secrets que découvrent les femmes entrepreneurs dans le numérique.

Dans notre combat pour la parité, s’il y a bien un constat d’échec, c’est la sous-représentation des femmes dans l’entrepreneuriat numérique. En France, elles sont moins de 12% statistiquement à monter des entreprises innovantes. L’argument souvent retenu est qu’il y a moins de femmes ingénieurs. Elles sont plus de 50% en filière scientifique au lycée, elle sont moins de 15% dans les grandes écoles d’ingénieur. Alors la première des choses à faire, c’est d’encourager les filles à la sortie du bac S à se faire confiance et à tenter les grandes écoles d’ingénieur. Mais faut-il nécessairement être ingénieur pour monter une start-up? Non. J’aimerais partager les quelques secrets que les femmes entrepreneurs dans le numérique découvrent.

 

Le complexe de l’argent est une richesse. Française et femme? Double peine. On déteste parler d’argent. L’héritage culturel du catholicisme est bien présent dans nos esprits. En conséquence, le métier d’entrepreneur ne nous fait pas fantasmer - cette vile quête de la richesse. Ce que le numérique change, c’est que plus que jamais, un bon entrepreneur se définit par sa passion pour le problème qu’il résout et non par l’appât du gain. Cela ouvre un boulevard à toutes celles qui se sentent investies d’une grande mission dans leur fort intérieur.

 

Le manque de confiance pour sur-délivrer! Si le manque de confiance est souvent un frein, cela produit aussi un besoin de prouver, de gagner en légitimité. Cela pousse à apprendre et à travailler sans relâche. Et l’une des premières règles vis-à-vis des clients qu’on découvre sur le terrain numérique, c’est celle-ci: «Underpromise and overdeliver». Choyer ses clients personnellement avec une attention exceptionnelle est fondamental pour le succès d’une start-up.

 

Ne pas être prise au sérieux, c'est tant mieux. Parce que l’innovation de rupture devance les lois qui régissent des marchés souvent réglementés en France, mieux vaut rester «sous les radars» le plus longtemps possible. Le but étant de gagner une immense communauté d’utilisateurs satisfaits afin d’accumuler plus de pouvoir face au législateur. Deezer ne serait pas Deezer s'il avait dû respecter le cadre légal de départ. 

 

Dessiner, c’est gagner. Aimer les couleurs, comprendre le style, savoir dessiner, apprécier l’emballage comme le produit… Les femmes savent bien que l’interface aura autant d’impact que l’algorithme. Dans le numérique, il n’y a plus de distance entre le fond et la forme. Le design est au coeur de la stratégie.

 

L’empathie, la clef du succès. À ce propos, un homme que j’admire beaucoup, Vivek Wadhwa (VP innovation à Singularity University, directeur de la recherche à Duke University, classé parmi les personalités les plus influentes en 2013 par Time Magazine), le dit très bien: «The world has big problems to solve. We need leaders who can identify and actually empathize with their constituencies or, in terms of business, with their clients. We need empathy, which of course is something women are naturally able to incorporate in their leadership. Women care. Women want to fix things, make things better for others. Women are ready to take on the important problems technology can help solve. Silicon Valley is wasting time with funding silly little solutions. We don’t need any more young men writing brain-dead apps for other young men to say, ‘Yo’ to one another.»

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