Ici New York
Clarisse Lacarrau, planneur stratégique installée à New York, poursuit son décryptage de l'envers du décor new-yorkais. Cette semaine, en se demandant ce que font tous ces messieurs à glander dans leur voiture, elle perce l'un des secrets de l'homme Yankee, du hipster au working class hero, et vous fait découvrir sa grotte.

Il y a un phénomène étonnant que l’on rencontre quand on se balade dans les rues de New York (de Brooklyn ou du Queens) et que l’on croyait n’être qu’un truc de film de Tarantino: l’homme seul qui glande dans sa voiture. Avec chauffage à fond, donuts et parfois chien batard à ses côtés. Au début, on n’y prête pas attention, jusqu’à ce que l’on se rende compte que ça concerne tout le monde, toute catégorie sociale, toute communauté ou tout âge. Je n’ai pas encore osé frapper à la fenêtre d’un de ces messieurs, sentant intuitivement qu'il ne fallait pas le déranger, que ce moment était précieux et rare. Mais je crois bien avoir découvert la boîte de Pandore de l’homme yankee (enfin… une partie, n’exagérons rien).

 

Soumis, lui aussi, à une forme de pression, de costume souvent un peu trop serré, qui s’impose à lui, quand je dis lui, je parle de Monsieur tout le monde, l’homme de la classe moyenne, pas notre ami hipster ou Joe le tatoué (quoique lui aussi est un peu engoncé dans son attirail), il cherche des espaces de liberté et de respiration pour échapper au miroir du regard de l’autre (collègues, femme, enfants, «Bro») qui lui impose d’être drôle, parfait, joyeux, sympa, courageux, etc. La voiture devient alors le seul espace personnel.

 

Mieux qu’une salle de bain, qu’une session de running ou qu’une glande devant le foot le dimanche (où là aussi il y a des codes sociaux) la voiture est l’endroit où on lui fiche la paix. J’en soupçonne plus d’un de prétexter un rendez-vous pour juste aller se poser bien au chaud dans leur vieille guinde (souvent elle est vieille, c’est un peu leur plus vieil ami) pour juste y être eux-même deux secondes.

 

Du coup, en creusant, j’ai découvert l’équivalent immobilier de cet endroit de suprême intimité masculine: le basement - le sous-sol, quoi! Qui est souvent la propriété exclusive de l’homme de la maison, au point où c'est le seul endroit où il a son mot à dire question déco. Il y a même un magazine pour ça: Basement Dude, le magazine de déco pour les sous sols de ces messieurs.

 

Ambiance châsseur, home cinema ou bien jeux d’arcade… toutes les bonnes idées pour que ces messieurs aient leur chambre (d’ado?) à eux. Ceci expliquant donc pourquoi la voiture comme le basement est devenu un élément clef du cinema américain (ou est-ce l’inverse?) et que cette petite grotte secrète de l’homme américain est le meilleur endroit pour y découvrir ses secrets, ses névroses et ses rêves inavoués.

 

Et ça ne concerne pas que les serial killers. Avant ça, il y a bien d’autres fantasmes que l’homme américain assouvit discrètement les week-ends et deuxième parties de soirée, caché dans les sous-sols de sa maison… C’est pour cette raison que si un jour on vous y invite, prenez ça comme une déclaration d’amour… ou pire.

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