J’ai eu l’occasion, ces derniers mois, d’assister à une quinzaine de prises de parole de dirigeants, que ce soit face à leur management ou face à tous leurs collaborateurs. Et force est de constater que le niveau d’ensemble est… très inégal. Les écueils observés sont nombreux: manque de clarté et de structuration du propos, longueur excessive, multiplicité des intervenants, détails et chiffres à profusion, supports inappropriés…, tous ces éléments étant trop souvent réunis dans la même présentation, conduisant au décrochage fatal de l’auditoire.

 

Le péché originel est de ne pas se poser la bonne question de départ: l’important n’est pas ce que j’ai à dire, mais ce que mon public doit retenir et ressentir. Trop peu d’intervenants se placent dans cette logique qui vise à satisfaire deux critères, pourtant simples, attendus par tout auditoire: j’ai compris et j’ai envie.

 

Alors, pourquoi ça ne fonctionne pas? D’abord, parce que les codes ont changé. Nous sommes aujourd’hui formatés pour recevoir des messages concis (l’ère du 140 caractères maximum), dans lesquels l’image a pris une part essentielle. Nous avons besoin d’être stimulés en permanence, nous sommes vite tentés de zapper et notre esprit a perdu l’habitude de se concentrer durablement sur un sujet de fond. Pour être efficace, une prise de parole en public n’échappe pas à ces règles: simplicité du message, choix des mots et des formules, notes d’humour, pertinence de l’exemple, puissance du visuel, rebond et émotion…, le tout dans un format (très) court.

 

Au-delà de l’évolution de ces codes de communication, on observe une double négligence des dirigeants face à l’exercice: négligence par désintérêt ou manque de prise de conscience de l’importance de leur rôle de communicant, mais aussi négligence par excès de confiance: «Je suis dirigeant, donc je suis naturellement bon.» Eh bien, non! On me parle souvent de la qualité des présentations de Steve Jobs. Certes, il avait un talent certain de showman mais, surtout, il travaillait. Des heures et des heures de préparation et de répétition pour peaufiner ses interventions dans le moindre détail.

 

Car c’est bien de travail qu’il s’agit: une présentation réussie, c’est 10% de talent pour 90% de transpiration. Or, on observe aujourd’hui un déficit de sueur des dirigeants lors de leurs interventions, alors que l’on demande aux équipes de mouiller le maillot dans l’exécution.

 

Alors, on fait quoi? D’abord, on bosse: le fond bien sûr, mais aussi la priorité des messages. Faire simple, court, efficace demande infiniment plus de travail de préparation. Ensuite, on met en forme, on pense la mise en image, on conçoit des supports qui vont donner de la puissance à l’intervention. Enfin, on accepte d’être coaché. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, bien au contraire, c’est juste la conscience qu’une prise de parole en public est une intervention théâtrale qui met en scène des acteurs préparés et entraînés, dans laquelle le jeu est tout aussi important que le texte et où l’émotion a autant de valeur que le propos. Tout cela, quelques dirigeants l’ont compris. Et c’est très puissant.

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