Tribune
Les courses au large, comme la Route du Rhum, dont le départ sera donné le 4 novembre, sont l'occasion pour les sponsors d'associer leur marque à des valeurs de performance, de haute technologie, mais aussi d'humilité. Un pari souvent gagnant.

Pour une entreprise, une marque ou une fondation, le sponsoring sportif est un accélérateur de particules. La surface d’exposition et la réputation se renforcent au gré des victoires mais aussi des défaites ; les histoires qui nourrissent chaque engagement sont, au moins, aussi importantes que l’issue des joutes. Certains sports comme le football ou le rugby sont installés dans le paysage médiatique. D’autres, comme l’équitation, qui compte pourtant parmi le plus de licenciés, ou la voile, qui charrie dans son sillage des valeurs exceptionnelles, demeurent pour autant moins exposées.

À ciel ouvert

La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, dont le départ sera donné le 4 novembre, constituera un écrin propice à la compréhension de ce paradoxe. Expurgé de billetterie car se pratiquant à ciel ouvert, la course au large n’a pas encore trouvé la recette miracle pour édifier un stade à l’échelle océanique ou planétaire. De plus, les diffuseurs considérant que l’aléatoire prend trop souvent le pas sur le prédictible n’en sont pas encore à intégrer le paiement de droits pour participer à l’économie générale de ce sport, pourtant de très haut niveau et où la France excelle.

La transatlantique au départ de Saint-Malo, qui fête ses 40 ans, ainsi que le Vendée Globe sont aujourd’hui deux des événements sportifs parmi les plus plébiscités par les Français. À cela s'ajoutera fin 2019 une nouvelle épreuve à la dimension planétaire, Brest Oceans, qui réunira les plus grands trimarans au monde pour une course inédite. Au-delà de leurs aspects éventuellement concurrentiels, ces trois événements permettront de fournir chaque année, trois années sur quatre, un événement majeur, permettant ainsi aux sponsors de ne pas attendre quatre ans avant une nouvelle édition.

Pendant des décennies, la voile fut l’apanage des Anglo-Saxons. Elle est aujourd’hui, s’agissant de la course au large, un segment à très haute valeur ajoutée dont l’essentiel se pense, se dessine, se conçoit, se fabrique et se fiabilise entre la Forêt-Fouesnant, au sud de Brest, et Vannes, au bord du golfe du Morbihan. Autant dire une fierté 100 % française : une autre haute couture. Et si des centaines d'astronautes sont allés dans l'espace, les marins ne sont que quelques dizaines à avoir bouclé un tour du monde à la voile en un demi-siècle, pour la plupart, issus de l’Hexagone.

Succès

Début 2017, Armel Le Cléac’h remporte le Vendée Globe et Banque Populaire, son armateur, enregistre 55 millions d’euros d’équivalence médias pour un investissement initial largement inférieur. Le partenariat entre Thomas Coville et Sodebo a permis, entre autres, de voir le taux de notoriété de la marque multiplié par 11 depuis 1998. La Macif, avec François Gabart, empile les succès. Pour son seul dernier record battu, fin 2017, ce furent plus de 3 000 retombées médias enregistrées par le groupe mutualiste. Actual, enfin, depuis son arrimage à la course au large avec Yves Le Blévec, constate une progression régulière de l’activité du groupe qui, si elle n’est pas unilatéralement liée au sponsoring, y contribue largement. Les exemples, comme ces quatre premiers, sont légion.

La voile et la course au large sont en train de basculer dans une nouvelle ère faite de terrains de jeu planétaires, de très haute technologie et de performances allant jusqu’au cube de la vitesse du vent. Pour autant, les marins restent les mêmes : emplis d’humilité, d’un niveau d’engagement phénoménal et prêts à braver les mers les plus rugueuses de notre planète. Le tout, pour vivre leur passion jusqu’au bout et permettre le partage d’histoires jubilatoires. Un engagement durable et des histoires, que demander de plus ?

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