Tribune
Alors que plus d'un Français sur dix est concerné par le sous-titrage des programmes en télévision, à peine 8% des spots diffusés sont sous-titrés. Il est temps qu'annonceurs, agences et diffuseurs avancent sur cette question.

Depuis février 2010, 100% des programmes télévisés sont accessibles aux personnes sourdes et malentendantes, pour les chaînes dont l'audience moyenne annuelle dépasse 2,5% de l'audience totale. Seule exception, les films publicitaires, qui, eux, ne tombent pas sous le coup d’une obligation. Aujourd’hui, en France, à peine 8% des spots diffusés à la télévision sont sous-titrés. Les 92% restants constituent donc les seules plages non sous-titrées de l’ensemble des programmes. Pour nous communicants, difficile d’accepter que 92% de nos messages laissent de côté plus de cinq millions de personnes sourdes et malentendantes, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Pourtant, il n’y a aucun frein à sous-titrer une campagne… ou alors si, peut-être le prix de 0,0001 centime par contact, mais je ne veux pas l’imaginer. Selon le Centre national d’information sur la surdité, 11,2% des Français sont concernés par le sous-titrage (les malentendants et leurs proches) et il est difficile de comprendre pourquoi les marques font un pied de nez à une partie aussi importante de la population. La France, dans ce domaine, fait figure de mauvais élève par rapport à ses voisins. Au Royaume-Uni, parmi les 50 plus gros annonceurs britanniques, 48 sous-titrent leurs publicités télévisées.

Défendre une communication responsable

Bien sûr, j’ai entendu certains anti-pubs goguenards me dire que les sourds avaient de la chance… Je souris jaune. Depuis 2012, l’AACC (Association des agences-conseils en communication) porte un plan handicap et, dans ce cadre, engage les agences à promouvoir le sous-titrage à tous les annonceurs avec lesquels elles collaborent. Cela fait partie de notre rôle de conseil. Pour autant, ça ne fonctionne pas, ça n’intéresse personne, ça ne progresse pas.

On ne peut pas défendre une communication responsable qui met au cœur de ses valeurs la considération que nous devons aux publics et ignorer les faits. C’est écrit noir sur blanc dans le programme FAIRe de l’UDM (Union des marques) et c'est une bataille que porte notre association depuis des années. Alors regardons, collectivement, ce qui fait qu’on s’en moque. Annonceurs, agences, diffuseurs, nous avons une belle occasion de témoigner de notre intelligence collective, alors bougeons-nous ou fermons-la !

*   des chaînes dont l'audience moyenne annuelle dépasse 2,5% de l'audience totale

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