Tribune
Que ce soit pour faire respecter le confinement ou préparer l'après, les éditeurs d'application peuvent avoir un rôle à jouer dans la gestion de la crise que nous traversons. A condition de garantir respect de la vie privée et accessibilité pour tous.

Le monde est aujourd’hui touché par un mal commun et les populations sont confinées chez elles pour endiguer la pandémie. Tous les gouvernements ont pris la décision de protéger leur population au travers de règles sanitaires strictes. Seulement en France, comme dans d’autres pays, l’indiscipline est plus résistante que le virus lui-même. C’est là que le smartphone peut devenir un réel atout, non plus pour les marques et les campagnes marketing mais pour l’intérêt général. Cette pandémie pourrait faire naître un nouveau paradigme où smartphones et éditeurs d’applications travailleraient ensemble pour faciliter les engagements sanitaires de l’État et permettre aux utilisateurs d’être plus à l’écoute des directives. L’idée n’est pas d’instaurer un Big Brother mais bien d’une solidarité dénuée de toute démarche commerciale, à l’instar de CoronApp, lancée dernièrement en France, et qui n’exclut pas de collaborer avec les autorités compétentes.

Les Français, comme d’autres nationalités, ont démontré un comportement parfois hostile au confinement. Alliant indiscipline et épicurisme, les habitants préfèrent profiter de cette «pause» offerte par la nature pour réaliser ce qu’ils n’ont pas toujours le temps de faire. Mais cette démarche peut être dangereuse aussi bien pour soi que pour les autres. C’est dans ce contexte que les éditeurs d’application peuvent avoir un rôle de prévention complémentaire à celui de l’État et des autorités sanitaires. Certains pourraient y voir une potentielle invasion de la vie privée quand d’autres y verraient une démarche humaniste.

Les applications de géolocalisation liées au transport, à la santé ou encore au dating seraient les plus à même de fournir ce support. Ces dernières ont en effet l’habitude de suivre et de connaître les trajets réguliers de leurs utilisateurs et de faire une différence entre les différents types de déplacement. L’objectif n’est pas d’épier la population mais de notifier les utilisateurs au bon endroit et au bon moment au travers de notifications leur rappelant qu’il serait plus judicieux de rester chez eux. En poussant la réflexion à son paroxysme, la création d’une application dédiée serait la meilleure solution : elle serait respectueuse de la vie privée et disponible pour tous. Seulement, entre le délai de développement d’une telle application et son adoption, plusieurs semaines pourraient s’écouler. Cependant, il n’est jamais trop tard pour une application qui pourrait s’avérer judicieuse à une période où le confinement durera environ huit semaines.

L'atout des notifications

Les notifications ont démontré depuis plusieurs années leurs avantages. Grâce à elles, les utilisateurs pourraient être notifiés en temps réel et contextuellement de ce qui les entoure. En période de confinement, l’objectif serait donc de donner de manière régulière les conseils à suivre mais aussi tenir au courant des dernières annonces gouvernementales ou sanitaires. Ces dernières permettraient à tous d’être au diapason. L’application Citymapper pourrait être l’exemple parfait. Étant utilisée par une majorité de franciliens, elle connaît les trajets quotidiens ou habituels de ses utilisateurs. En suggérant, au travers de notifications spécifiques, que les déplacements ne sont pas favorables au confinement, l’application aurait donc un rôle de prévention. En allant plus loin, les spécialistes des notifications et de la contextualisation pourraient même partager ou offrir en marque blanche leurs solutions pour faciliter cette entraide.

Des réseaux d’entraide - Five Up, AlloVoisins... - ont vu leur activité de mise en relation matcher parfaitement avec les besoins liés à la crise. L’entraide va même encore plus loin avec Enpremiereligne.com, un site mis en place pour soutenir en priorité le personnel soignant. D’autres secteurs, comme l’éducation, ont pris les devants pour ne pas laisser les élèves sans accompagnement à l’image de Klassroom ou Studytracks. Et plus que tout aujourd’hui, la télémédecine, avec Doctolib, devient l’allié précieux des médecins généralistes aidant notamment à désengorger les hôpitaux. Et cette vague de solidarité s’accompagne de la proactivité de groupes régionaux ou locaux fleurissant également partout en France et à l’étranger sur les réseaux sociaux.

Rôle de prévention de la géolocalisation

Au niveau international, Google, Facebook et Microsoft entre autres viennent d’annoncer leur union pour se coordonner afin de lutter contre le coronavirus. En effet, Facebook pourrait publier régulièrement des contenus vidéo visant à sensibiliser les populations au bon respect des règles sanitaires. Quant à Google et Apple, des outils de traçage pourraient aider à cartographier le virus et participer à la prédiction des prochains besoins médicaux. De son côté, Microsoft, avec son moteur de recherche Bing, offre un mapping exhaustif de l’évolution de la pandémie pays par pays.

En ce qui concerne l’usage de la géolocalisation mobile, les acteurs de la tech européenne se doivent d’assurer un rôle de prévention, en corrélation avec les consignes données par le gouvernement, sans pour autant identifier formellement les citoyens grâce aux données brutes.

Au cours des dernières années, des événements en France comme à l’étranger - attentats, crises humanitaires, séismes… - ont mis en avant la véritable nature humaine, celle de la compassion et de l’entraide. La volonté d’aujourd’hui serait de mieux comprendre comment nous pouvons utiliser notre environnement à bon escient sans avoir simplement une arrière-pensée liée au développement commercial et capitalistique. Est-ce une utopie ou une réalité ? Les prochaines semaines et mois nous le diront, mais le smartphone peut être l’élément clé.

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