Chronique

Vous l’entendez le refrain ? Ça envoie, non ? Sacré JJ ! C’est qu’il a de quoi se réjouir ! On n’a jamais autant écouté de musique dans le monde. 18 heures hebdomadaires, soit environ 2,6 heures par jour avec un usage massif des sites et des applications (74 % des utilisateurs). Et depuis quatre mois, le Covid a accentué le phénomène. Goldman a raison, « la musique est bonne »… 

« Quand elle ne triche pas ». Car tout a failli mal tourner dans les années 2000…

Pour des raisons connues : chute brutale des ventes de disques, piratage généralisé, téléchargement à tout va… Aucun marché, pas même celui de la photographie, n’avait traversé autant de ruptures technologiques en si peu de temps : 58 ans de vinyles, 21 ans de CD, quatre petites années de téléchargement (pourtant promis à un bel avenir) avant que ne déferle la vague du streaming. 

Pour des raisons moins connues : la dégradation de la qualité d’écoute par compression systématique des fichiers, des mixages aux basses surboostées. « Comment a-t-on pu écouter autant de bonnes musiques avec un son si médiocre ? », confie Pierre-Michel Comparon, de La Maison du Haut-Parleur. Beaucoup, comme le compositeur Alain Louvier, avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme : « L’oreille est un sens sinistré. Quand la fait-on travailler seule, immobile, les yeux fermés… ? L’ouïe est supérieure à la vue : elle est omnidirectionnelle ; elle n’a pas de paupières ; elle vous avertit en premier d’un danger imminent. Elle s’endort en dernier, se réveille en premier ; de nos différents sens, l’ouïe est le plus salvateur. »

Malgré tout, aujourd’hui « la musique sonne ». Des plateformes comme Qobuz, des baladeurs Hi-Res, et des lecteurs wifi ou Bluetooth performants créent une nouvelle demande d’audiophiles avertis qui peuvent streamer sur leur téléphone en retrouvant la qualité des années 80. Des disquaires en ligne comme Bandcamp (470 milliards de ventes depuis 2008) offrent une vitrine à des artistes dont personne ne parle ailleurs. En créant Devialet, des entrepreneurs français réconcilient le meilleur du numérique et de l’analogique. Enfin, des labels indépendants comme Heavenly Sweetness et des agences de distribution digitales (IDOL) révèlent de nouveaux talents. 

Aux annonceurs de jouer

Cette créativité montre que la musique « c’est pas l’usine c’est pas la mine ». Les annonceurs et leurs agences ont un rôle à jouer. Si de nombreux groupes comme Housse de Racket (Lacoste) ou Lilly Wood and The Prick (Carrefour) ont émergé grâce à la publicité, on peut sans doute faire mieux ; en évitant de se rabattre sur des tubes connus parfois depuis des siècles ; en dispensant une meilleure formation musicale aux créatifs ; en augmentant de façon significative les budgets, pour échapper à l’horreur des musiques libres de droits.

Car nous aimons tous « quand la musique donne ». Et les musiciens donnent beaucoup ! Est-il normal que des plateformes comme YouTube ne reversent quasiment rien aux artistes ! La Sacem fait face au défi de la collecte des droits issus du numérique (180 millions collectés en 2018). On peut espérer que l’entrée en vigueur de la directive européenne sur le droit d’auteur permette d’aller plus loin. 

Les live et les concerts qui faisaient vivre tout le monde peinent à repartir. Le Covid a mis la profession sur pause. De leurs balcons ou de leurs salons, de nombreux musiciens, de Pink à Capuçon, nous ont tous permis de confiner en musique. À nous désormais d’aller à leur rencontre pour les applaudir, eux aussi. « Sans la musique, la vie serait une erreur ». Alors cet été, ne nous trompons pas, #Tousauconcert ! 

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