Chronique

Avouons-le, on est bien dedans : la loi climat au Parlement, les engagements de la filière, la mission Bousquet-Leroy, dans nos entreprises et dans nos briefs, le sujet du climat est ENFIN à l’ordre du jour.

C’est fou qu’il ait fallu attendre les effets du dérèglement climatique pour que nos organisations réagissent. Cela fait pourtant 40 ans que les scientifiques nous alertent. Ben, non, nous, les mammifères drôlement plus malins que les autres, il faut que la forêt australienne crame sous nos yeux, que le Bangladesh ait les pieds dans l’eau (que dis-je ? la taille dans l’eau) que la biodiversité s’effondre pour qu’on y croit.

Alors on s’agite, on compare nos calculettes, on promet des réductions magiques, on annonce la neutralité carbone pour 2030, 2028, 2023 ... C’est la grande valse des chiffres et des annonces, des communiqués et des conférences de presse. Nous sommes incorrigibles !

Et comme à chaque fois, la réalité nous rattrape. Oxfam France vient de publier un rapport intitulé « CAC degrés de trop : le modèle insoutenable des grandes entreprises françaises ». Basé sur les données fournies par Carbon4 Finance, il révèle l’intégralité de l’impact carbone des plus grandes entreprises françaises et leur trajectoire climatique (leurs émissions actuelles + leurs engagements stratégiques). La conclusion est effarante : malgré les engagements des entreprises, le niveau d’émissions du CAC40 nous conduit tout droit vers un réchauffement climatique de +3,5 °C d’ici 2100, une température bien au-delà de l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris.

L’ONG cingle : « Au nom de la recherche du profit à court terme, les grandes entreprises sacrifient les investissements nécessaires pour réaliser la transition écologique. Les citoyens, qui sont aussi des clients, des salariés et des épargnants de ces grandes entreprises, exigent de plus en plus qu’elles agissent pour la planète. »

La covid n'est pas la seule menace

Dans un entretien pour GoodPlanet.info, le climatologue Jean Jouzel raconte que la crise de la Covid-19 a entrainé une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6 à 7 % au niveau mondial (10 à 12 % pour la France). On peut s’en réjouir mais si nous devions suivre VRAIMENT la trajectoire de diminution de l’accord de Paris, il nous faudrait diminuer ces émissions de 7 % TOUS LES ANS au niveau planétaire. Vous voyez le truc ? Cela veut dire, si on ne veut pas mettre sous cloche l’activité économique, qu’il nous faut rapidement changer nos modes de vie et nos modes de développement.

Pour les entreprises qui aspirent à la relance, il est donc question de revoir les modes de production, de distribution et de concevoir des offres plus sobres en énergie et surtout d’avoir le courage d’abandonner celles qui ne sont pas compatibles avec cette ambition commune.

Jean Jouzel souffle une solution : « En France, il faudrait mettre 20 milliards d’euros supplémentaires chaque année afin de lutter efficacement contre le réchauffement. Cette somme correspond à ce que l’État met actuellement sur la table chaque semaine pour faire face à la crise sanitaire et économique... La transition écologique est inéluctable. Les jeunes n’accepteront pas de vivre dans un monde à +4 ou +5 degrés. »

Tout est dit. La Covid n’a pas le monopole de la menace vitale ! Je ne suis pas certain que les grandes entreprises sacrifient une partie de leurs bénéfices pour changer de cap (le limogeage d’Emmanuel Faber nous a bien rappelé la loi aveugle du marché). Mais nous, nous savons que la communication en trompe-l’œil ne dupera personne et qu’il nous faut alerter sur le risque énorme du statu quo. Les citoyens-consommateurs lisent ces alertes et entendent la voix des scientifiques. Combien serons-nous à prendre notre part dans le réveil climatique ? Notre rôle de communicant est aussi d’éclairer la stratégie des entreprises, de les connecter à ces citoyens de façon solide plutôt qu’éphémère. La belle campagne qui fait rêver (de temps en temps) ne fait pas la bonne réputation qui, elle, fidélise. Et vu l’enjeu, c’est bien de réputation qu’il s’agit, non ?

C’est en relevant ce défi là que nous servirons VRAIMENT nos marques et nos entreprises et l’avenir de nos enfants.

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