Au-delà du résultat de la confrontation de l'équipe de France de football face à l'Afrique du Sud, mardi 22 juin, on peut être sûr d'une chose, les instances du football français et les joueurs professionnels (sic!) ont intégralement perdu le match de leur communication.

Première erreur: le huis-clos. Même si certains caressent toujours le doux rêve de maîtriser unilatéralement un message, voilà encore la preuve qu'à l'heure du partage et des commentaires de l'information, c'est impossible. Qu'à force de vouloir cloisonner, c'est au pied-de-biche que tout un chacun, journalistes en tête, parvient à forcer ledit huis-clos.

Deuxième erreur: la condescendance. Tout a été écrit sur les ego surdimensionnés, le trop plein d'argent et le refus d'autorité des joueurs d'aujourd'hui. Mais quand s'y ajoute le mépris pour l'ensemble de ses publics, la note est présentée immédiatement. L'image est écornée, puis salie pour être traînée dans le caniveau. Il faudra se relever. Ce sera long et tortueux. A minima.

Troisième erreur: le déni de réalité. Quand l'une des fédérations sportives les plus puissantes de France laisse ses joueurs s'exprimer sur une ridicule chasse aux sorcières plutôt que de s'excuser, chaque fois que possible, pour des propos hors du temps, elle se trompe. Une fois encore.

Quatrième erreur: l'absence de discours construit et partagé ainsi qu'une multiplicité de porte-parole. Jean-Pierre Escalettes [président de la Fédération française de football], Raymond Domenech [entraîneur de l'équipe de France], Patrice Evra [capitaine des Bleus], Robert Duverne [préparateur physique de l'équipe de France], Franck Ribéry [joueur], Jean-Louis Valentin [directeur général délégué de la FFF], Gérard Houiller [directeur technique national], Noël Le Graët [vice-président de la FFF]… tous ont parlé et enfilé les dissonances en quarante-huit heures derrière la une du premier quotidien sportif français.

Cinquième erreur: l'autisme. Bien que médical, le terme sied comme un gant aux responsables du football français. Quelques anciens joueurs de 1998, certains médias, au premier rang desquels L'Équipe, de trop rares dirigeants fédéraux, d'innombrables supporters… tous hurlaient, depuis au moins deux ans, que le mur allait arriver à la vitesse du son. Ont-ils été écoutés ou entendus? À aucun moment.

D'autres erreurs, innombrables, seraient à mettre au crédit des joueurs de l'équipe de France et à celui de leur encadrement. Mais, qu'importe désormais, le mal est fait et bien fait.

Qu'on le veuille ou non, une relation saine, équilibrée et dans l'échange avec ses différents publics, à commencer par l'ensemble des médias, est aujourd'hui indispensable pour toute organisation, qu'elle soit économique, politique ou sportive.

L'invraisemblable «barnum» de nos sportifs, universellement regardés en ce moment, constitue une preuve supplémentaire de la nécessaire et indispensable prise de conscience du sujet.

La marque France, si prompte à générer de la croissance et du bonheur intérieur brut quand elle est dirigée, a été, en quelques jours, roulée dans le purin. Car, bien entendu, le football dépasse largement le cadre d'un terrain de sport. Il inspire, motive, réunit. Aujourd'hui, il suscite mépris, dégoût et fracture. Bien joué.

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