Chaque mois, Forrester livre pour Stratégies une analyse des résultats de son baromètre européen Consumer Technographics portant sur l'influence des nouvelles technologies. Cette semaine, la protection de la vie privée et Internet. 33% des Européens se méfient des e-mails promotionnels

L'année dernière, l'effervescence des débats parlementaires sur la protection de la vie privée des consommateurs en Europe a abouti à la promulgation de la directive européenne sur la vie privée. Entrée en vigueur le 25 mai 2011, ce texte oblige les sites Internet à obtenir l'accord des internautes avant de les traquer sur la Toile.

 

Cette loi, qui généra de nombreux articles, a permis de porter ces sujets à la connaissance des consommateurs. Malgré tout, la plupart des consommateurs ne se sont pas directement sentis concernés. En revanche, il est intéressant de remarquer que d'autres sujets, comme les changements d'option protégeant la vie privée sur Facebook, ou bien la traçabilité des déplacements des utilisateurs d'Iphone, ont fait prendre conscience aux internautes des risques réels liés à la protection de leurs données et de leur vie privée.

 

La part des internautes européens se déclarant soucieux de la protection de leur vie privée lorsqu'ils ouvrent un e-mail promotionnel est passée de 25% en 2008 à 33% en 2011. En France, la tendance est similaire, surtout dans la tranche 35-64 ans. Il y a cependant, quelques différences d'implication entre les pays: les internautes français semblent moins concernés par la protection de la vie privée dans presque toutes leurs activités en ligne, par rapport aux Britanniques et aux Allemands. Cela est particulièrement vrai pour la publicité, comme la participation à des promotions, l'ouverture de mails promotionnels ou le fait de cliquer sur des bannières en ligne. Par contre, le niveau de sensibilité concernant l'accès aux informations personnelles est le même pour les Français et les Européens, lorsqu'il touche les activités bancaires en ligne ou les médias sociaux.

 

L'attitude proactive du gouvernement français, vis-à-vis des règles sur la vie privée et du respect de l'intimité, avec le lancement il y a deux ans du «droit à l'oubli», a eu un impact certain sur le comportement des internautes français. Ils se sentent dorénavant plus adaptés et mieux armés. La moitié d'entre eux sont d'ailleurs d'accord avec cette affirmation: «Je sais que les entreprises Internet achètent et utilisent mes informations personnelles.» En Allemagne et au Royaume-Uni, où les gouvernements sont plus réactifs, les internautes apparaissent comme plus anxieux par rapport aux activités relatives à la publicité en ligne.

 

Moralité: quand les internautes sont moins sensibles à la protection des données privées (comme les Français), ils sont plus réceptifs à la publicité en ligne. Par exemple: un tiers des utilisateurs hexagonaux se déclarent concernés par le respect de leur vie privée quand les marques les contactent via leurs téléphones mobiles. Le chiffre reste le plus faible comparé au Royaume-Uni et à l'Allemagne. Lorsque l'on demande aux Français, s'ils souhaitent recevoir de la publicité sur leur portable, 10% d'entre eux répondent favorablement, soit le double par rapport aux deux autres pays mentionnés précédemment.

 

Les commerçants doivent néanmoins avancer avec beaucoup de précaution dans le marché du mobile... Sondés par Forrester au premier trimestre 2011, les consommateurs américains seraient tentés d'acheter via leurs mobiles, si, et seulement si, leurs numéros ne sont pas divulgués. Les entreprises françaises doivent donc conserver leur ligne de conduite afin que leurs clients continuent de se sentir (relativement) sereins sur la toile.

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