60% des Français pensent que notre pays est mal placé dans la compétition économique mondiale

Le taux normal de TVA relevé de 19,6% à 20%, un crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises, la baisse de 10 milliards des dépenses publiques, une nouvelle fiscalité écologique... Après la remise du rapport Gallois sur la relance de la compétitivité de la France, le gouvernement a annoncé mardi 6 novembre une série de mesures supposées, si ce n'est créer un "choc", au moins instaurer le "pacte" de compétitivité souhaité par le président François Hollande.

 

Cela suffira-t-il à remobiliser les Français? Le pari est pour le moins audacieux au regard du pessimisme de ces derniers quant à la compétitivité de leur pays. Selon un sondage de l'Ifop publié le 4 novembre dans Sud-Ouest Dimanche, une très large majorité de sondés (60 %) pensent que la France est mal placée dans la compétition économique mondiale. En décembre 2006, la moitié d'entre eux estimaient encore que la France était en bonne place.

 

Manifestement, le discours de certains politiques relayé par les experts et les médias sur le poids de la dette et le coût du travail dans l'Hexagone semble avoir porté ses fruits. Sans compter que la situation en Grèce et dans certains autres pays européens comme l'Espagne suscite des inquiétudes croissantes au sein de l'opinion. 

 

Si les moins de 35 ans sont encore assez optimistes (45%), le pessimisme gagne avec l'âge: 37% des 35-49 ans estiment que le pays défend bien ses positions, 35% parmi les 50-64 ans et seulement 30% chez les 65 ans et plus. Le souvenir des Trente Glorieuses peut-être...

 

Plus étonnant, cadres supérieurs et milieux populaires s'accordent désormais pour s'inquiéter de la place de la France: 44% des premiers et 40% des seconds. L'opinion en berne des "classes dirigeantes" pourraient inquiéter. Pourtant, sur le plan géographique, l'Ile-de-France, économiquement dynamique et intégrée dans la mondialisation, estime que la France est bien placée (45 %). C'est beaucoup moins le cas en régions (36%), où les fermetures d'entreprises et les plans sociaux sont les plus visibles. 

 

Enfin en matière d'affinités politiques, les clivages subsistent mais sont finalement moins marqués que par le passé. Certes, les électeurs de droite sont beaucoup plus sévères, selon l'Ifop: 69 % des sympathisants de l'UMP et du FN pensent que la France n'est pas en bonne position. PS et Front de Gauche semblent moins pessimistes. Mais les sympathisants socialistes sont tout de même 53% à estimer que le pays n'est pas bien placé, et 42% de ceux du Front de Gauche. Leur relatif optimisme par rapport à la moyenne des Français est une manière sans doute de ne pas se voir infliger des mesures drastiques en vue de réduire le coût du travail ou la fiscalité des entreprises.

 

Quoi qu'il en soit, les mesures prises par le gouvernement risquent fort de faire plus de mécontents que de satisfaits. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a d'emblée regretté que les pouvoirs publics n'aient pas profité de l'occasion pour remettre de l'ordre dans les différentes TVA appliquées, constatant que tous les aliments verront leur taux abaissé à 5%, qu'ils soient "sains" comme les fruits et légumes ou qu'il s'agisse de "barres chocolatés".

 

De son côté, la CFDT a demandé que l'allègement du coût du travail, concédé par le gouvernement aux entreprises, soit conditionné à des "contreparties pour les salariés" en termes de conditions de travail et de réduction de la précarité.

 

parole d'expert

 

"Une prise de conscience de l'opinion"

 

Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut Ifop.

 

"Trois choses sont à retenir de nos études menées sur le sujet depuis 2006. D'abord, on observe un avant- et un après-crise financière, avec un basculement en 2010, confirmé cette année, où le sentiment d'un certain déclin de la France est devenu majoritaire. Par ailleurs, les clivages sont moins politiques ou sociaux: l'inquiétude traverse les soutiens au pouvoir en place comme les cadres supérieurs et professions libérales. Enfin, on constate une prise de conscience par l'opinion de l'importance des questions économiques. Notre dernier baromètre Ifop/Paris Match du 6 novembre montre ainsi que la compétitivité de la France et le coût du travail est l'un des sujets dont les Français ont le plus parlé (59%) ces dernières semaines."

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.