Notre dossier consacré au design sonore (n°1752 du 16 janvier) n'en finit pas de susciter des réactions. Nous publions cette semaine l'opinion de Jean-Michel Lecler, cofondateur de Brandy Sound, qui réagit à celle de Christophe Caurret (BETC) publiée le 30 janvier.

En réponse à l'opinion de Christophe Caurret, la première réflexion qui me vient à l'esprit est qu'il faut déjà savoir se poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses.

En continuant le travail de démocratisation dans le marché du son, marché très vaste dont l'identité sonore n'en n'est qu'un pan, je voudrais tout d'abord faire une analogie avec l'image. Se pose-t-on la question de savoir «Qui a envie de regarder un logo?». Je ne crois pas que, dans le public en général, les réponses positives soient si nombreuses. Cependant, il est d'usage courant pour une marque d'avoir sa charte graphique traduite par son logo visuel, entre autres, et bien d'autres déclinaisons selon les points de contacts de la marque.

Pour le son, c'est similaire. Maintenant, on peut se demander pourquoi dénigrer le logo sonore d'une marque alors que l'on est un des référents de la musique de synchronisation (en langage commun, la musique qui illustre/soutient/accompagne un film)?

Reprenons point par point. Tout d'abord, l'identité sonore d'une marque ne se réduit pas à son jingle. Nous sommes tout à fait d'accord et c'est ce que nous prônons: oui, il faut développer le territoire musical de la marque; oui, il faut étudier les différentes orchestrations d'un thème; oui, il faut être cohérent selon les points de contact et les territoires d'expression. Oui, il faut défendre l'idée de capital sonore de la marque. Nous défendons ce point de vue depuis notre création, il y a plus de huit ans.

Alors, pourquoi limiter l'utilisation d'un jingle à un «signal d'alarme» ou d'identification? En appliquant le principe de la paille et de la poutre, amusons-nous à poser les questions suivantes: pour trente nouvelles publicités, combien de musiques seront mémorisables? Et pour quelle raison?

Et là, on se dit que le débat n'avance pas.

Oui, c'est un business comme le vôtre, comme le nôtre, comme celui des designers sonores. Notre métier, c'est de dessiner pour les marques des paysages sonores qui soient cohérents, distinctifs et efficaces. Et c'est bien de la marque dont nous parlons!

Sur la dimension marché, on peut aussi parler du business des droits, un marché qui fait environ 350 millions d'euros en France. Un marché où les marques paient plus parce que la musique choisie en fin de course est négociée au dernier moment. Alors, parlons argent, oui. Je vous rappelle qu'une identité sonore coûte entre 35 000 et 70 000 euros pour une musique sur mesure, avec une multiplication des acteurs qui génère dumping et dégradation de la qualité des offres.

Ne jouons pas les vierges effarouchées pour défendre son pré carré, mais ayons des principes et défendons la qualité et la transparence. Convenons que le branding sonore est un métier. Et que nous ne sommes pas des sorciers. Mais plutôt des experts, des passeurs entre les marques, le son et la musique.

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