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57% des Français favorables à la PMA

On dit François Hollande versatile mais habile. Quel calcul politique a-t-il pu l'amener à retirer son projet de loi sur la famille porté par sa ministre Dominique Bertinotti? N'avait-il pas intérêt à renforcer ses appuis à gauche en prenant position en faveur de grands enjeux sociétaux, comme la procréation médicalement assistée (PMA), après le vote de la loi sur le mariage pour tous? Cela lui aurait permis d'éviter un couac entre le chef de file des députés PS Bruno Leroux, favorable à la PMA, et son ministre de l'Intérieur.

Le 3 février, Manuel Valls s'est en effet chargé de dire à la place du Premier ministre (qui s'était prononcé en faveur de «dispositions sur la PMA» en février 2013) que le gouvernement s'opposerait à des amendements parlementaires tant sur la PMA que sur la gestation pour autrui (GPA) lors de l'examen du projet de loi sur la famille, dont le vote était prévu en avril.

«Pour les sympathisants de droite, le mariage pour tous, la PMA ou la GPA sont des éléments identitaires très forts, alors que pour les sympathisants de gauche, ce n'est pas un élément de mobilisation central», estime Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d'Harris Interactive.

Des positions qui peuvent évoluer vite

Selon une enquête en ligne de cet institut de sondages les 3 et 4 février, auprès de 1 213 personnes, si une majorité de Français (55%) approuve cette décision de ne pas présenter le projet de loi au Parlement en 2014, c'est essentiellement le fait de gens se déclarant à droite (78%), de plus de 65 ans (70%) ou de catholiques pratiquants réguliers (86%). A l'inverse, 7 sympathisants de gauche sur 10 considèrent que c'est une mauvaise chose. «Le peuple de gauche dit plutôt “oui pourquoi pas” à la PMA et la GPA quand le peuple de droite y est profondément hostile», résume Jean-Daniel Lévy.

Entre les deux notions, qui justifient d'ailleurs un avis du Comité national d'éthique avant la fin de l'année (il s'est déjà opposé aux mères porteuses en 2010), les avis varient néanmoins fortement. De même que 72% approuvent un statut du beau-parent, 57% sont favorables à la procréation médicalement assistée quand 59% s'opposent à une gestation pour autrui, vue comme un acte d'achat.

«Ce sont des positions qui peuvent bouger extrêmement vite, ajoute Jean-Daniel Lévy. Le mariage pour tous, qui a le soutien de 54% des sondés, a perdu 4 points par rapport à mai. Il y a un risque pour ceux qui portent la PMA de se retrouver minoritaire dans quelques mois. La thématique du droit de l'enfant a tendance à monter par rapport à celle du droit à l'enfant.» Les polémiques, les manifs et «l'hystérisation» autour de la théorie des genres, comme dit Jean-Marc Ayrault, ont ainsi eu raison de la loi sur la famille.

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