Opinion. Attendu au tournant le 8 avril dernier, le nouveau Premier ministre n'a pas failli lors de son discours de politique générale. Roi des sondages, Manuel Valls devra présenter des résultats pour le rester.

À l'issue de son discours de politique générale prononcé le 8 avril, au terme duquel les parlementaires ont voté la confiance et les analystes lui ont fait crédit d'un grand oral réussi, Manuel Valls voit sa popularité s'envoler. Selon LH2 pour Le Nouvel Observateur, le Premier ministre gagne 6 points d'opinions positives depuis sa nomination, à 62% (+7% chez les sympathisants de gauche à 76% de satisfaits, +6% à droite à 50% d'opinions positives).

Pour Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de LH2 Opinion, «il a su rassurer son camp, chez qui il n'a pas toujours fait l'unanimité, sans effrayer ses adversaires. Son numéro d'équilibriste a plutôt fonctionné». Pour le JDD du 13 avril, le baromètre de l'Ifop enfonce le clou annonçant un écart de 40 points entre la popularité du Premier ministre (58% de satisfaits) et celle du président de la République (18%). «Dans les verbatim, son dynamisme et sa jeunesse, sa capacité à réagir et son autorité précédemment démontrées Place Beauvau sont valorisés», indique Frédéric Dabi, directeur du département Opinion.

La sémiologue Virginie Spies salue, elle, dans Metronews du 9 avril, « une prestation très réussie du point de vue de la communication. Il y avait de l'énergie, du rythme. Au niveau de la voix et de la gestuelle, c'était très théâtral, surtout à la fin ». Manuel Valls, né Espagnol, y évoquait sa naturalisation et réclamait la confiance « le cœur battant ».

Pour le communicant Jean-Christophe Alquier (Alquier Communication), «cet écart de 40 points est grave et confirme l'avènement de la démocratie de l'opinion. La lecture n'est plus institutionnelle, économique ou sociale mais sondagière. La primauté de la popularité sur la fonction met à mal l'autorité démocratique et installe un président bis qui n'a pas la légitimité du vote». Et d'ajouter: « Le pire danger qui guette Manuel Valls est qu'il ne soit que le président des sondages. Aucun Premier ministre, sauf Chirac, n'est jamais devenu président de la République ! »

Au-delà de l'éphémère d'une cote de popularité, c'est bien l'action qui produira l'image. TNS Sofres a choisi, donc, d'interroger les Français « au-delà de l'image positivement construite de Manuel Valls, sur sa cote de confiance qui est plus exigeante et prospective », explique Emmanuel Rivière, directeur des stratégies d'opinion. Ainsi, 46% des Français accordaient leur confiance à Valls après sa nomination (41% selon CSA) pour 20% au Président. Un résultat plus en demi-teinte et un écart de 26 points pas de 40 !

« Les Français veulent des résultats, poursuit Emmanuel Rivière. S'ils sont bons, François Hollande en profitera, s'ils sont mauvais, l'écart entre les deux chefs de l'exécutif se résorbera.»

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