Tribune
Florian Silnicki, directeur associé de la French Com revient sur le manque d'efficacité des campagnes de prévention routières françaises, en retard en comparaison avec d'autres pays.

Sur les 6 premiers mois de l'année 2014, le nombre de personnes tuées est en augmentation (+ 112 tués) par rapport au premier semestre 2013, mais 168 vies ont été épargnées par rapport à 2012. En revanche le nombre de blessés hospitalisés est supérieur à celui constaté sur les premiers semestres 2013 et 2012 (respectivement 1595 et 349 personnes hospitalisées supplémentaires). Ces chiffres n'ont pourtant plus d'impact sur l'opinion publique.


Spots télévisés, campagnes publicitaires, partenariats avec les discothèques, stages dans les écoles... La Prévention Routière a multipliéles actions de sensibilisation ces dernières années, mais au regard des chiffres, on peut douter de l'efficacité de ces campagnes.


A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : la Sécurité Routière doit rompre avec sa communication bon enfant et doit stratégiquement choquer l'opinion.

 
Le Canada, les Etats-Unis et la Belgique ont très tôt compris la nécessité d'adapter leur stratégie de communication à la réalité dramatique des accidents de la route. La Société de l'Assurance Automobile du Québec a ainsi mis en ligne une série plutôt efficace en la matière intitulée « on ne texte pas au volant ». (Voir la campagne de prévention belge lancée en avril 201 ci-dessous).


La France paraît à de nombreux égards particulièrement en retard par rapport à certains Etats en la matière certainement parce que la doctrine de la France en matière de stratégies d'information a été de ne pas choquer l'opinion publique Française.

Jusqu'à il y a peu les communicants gouvernementaux ne voulaient pas parler de ce sujet avec violence. Ils se l'interdisaient. A tel point que les agences publicitaires qui soumettaient des propositions considérées comme violentes étaient écartées des appels d'offres, le sang étant aux yeux des communicants le stade ultime de la communication gouvernementale.

 

 

Les campagnes ont donc été particulièrement inefficaces sur l'opinion publique. Or, pour être efficace sur ces sujets, il faut faire peur.

 

Du danger des SMS et des réseaux sociaux

 

On sait par exemple que les SMS sont déjà dépassés par les réseaux sociaux en termes de menace pour la sécurité routière. Les réseaux sociaux, Internet, Facebook et Twitter sont les nouvelles menaces puisqu'ils captent l'attention des conducteurs tentés de regarder en permanence le flux d'actualités de leurs relations sociales... Dès lors, on peut se demander ce qu'attendent les communicants pour créer une vraie stratégie d'information et lancer une campagne de prévention sur ces menaces. Quand en aura t-on marre d'avoir un train de retard ?

Ce qu'il faut vraiment à la France c'est un film à la Werner Herzog d'AT&T le géant américain des télécoms. Il a réussi à faire en sorte que les conducteurs envoient moins de SMS au volant. Seul le recours à l'émotion permet une efficacité d'une campagne efficace de prévention en la matière.

L'opinion publique française considère à tort que le danger c'est l'autre. Dès lors, l'enjeu pour les communicants publics et les stratèges de l'information gouvernementale devrait être de monter une campagne qui ne soit pas informative car l'information ne peut pas surmonter efficacement cet a priori. Il faut choquer l'opinion pour lui faire prendre conscience de la necessité de renoncer à ses comportements à risques. Ce n'est qu'à ce prix que nous réussirons à impacter les Français.

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