Mobile First
Tribune. Estelle Broihanne, codirectrice de la stratégie et de l'innovation chez Nurun, estime que l'expérience mobile est loin d'être satisfaisante. Et donne des pistes de réflexion.

Depuis la fin de l'année 2013, les utilisateurs passent plus de temps sur leur mobile qu'avec les autres supports digitaux. Le mobile n'est donc plus une technologie émergente, c'est un outil de masse qui a transformé notre manière de consommer l'information et d'utiliser le digital. Pourtant, si le «mobile first» se répand dans les discours, il est loin de s'être imposé dans les faits. Au contraire, le digital sur ce support se vit plutôt comme une expérience de seconde main, comme une version dégradée du web sédentaire.

 

Nous l'avons tous expérimenté: naviguer sur mobile pour trouver une information, même très simple, relève parfois du parcours du combattant. Temps de chargement trop longs, faible lisibilité et visibilité des contenus clés, fonctionnalités qui buguent, pop-up intempestifs, hésitations entre application et navigateur: autant d'obstacles qui donnent l'impression d'accéder à des contenus et outils incomplets par rapport à l'équivalent «desktop». Loin du mobile first tant vanté.

 

Le mobile est un outil contextuel: nous l'utilisons tous les jours dans des multitudes de situations différentes qui nécessitent chaque fois un type d'information ou d'interaction spécifique. C'est déjà ce qui a été esquissé par Google Now, application qui apprend de nos activités quotidiennes pour ensuite nous proposer des réponses adaptées en fonction de l'heure, du lieu et des requêtes précédentes.

 

Révolution de fond... et de forme

 

Au même besoin la solution proposée sur mobile ne doit pas être la même selon que l'on soit sur le point de prendre un train, que l'on vienne d'en sortir ou au contraire que l'on soit confortablement installé au wagon-bar. En somme adapter intelligemment son contenu à notre comportement pour donner la réponse avant que la question ne soit posée.

 

Cette évolution de fond doit s'accompagner d'une révolution de forme. Changer le contenu du mobile, c'est s'emparer réellement de ce support désormais central dans nos vies, pour créer une forme de design sensoriel. Un design mobile utile doit apporter du soin aux détails visuels, mais le smartphone est avant tout un objet que l'on touche et qui doit ouvrir la voie vers une interface de mouvements.

 

Il faut jouer sur la prise en main, élément qui différencie fondamentalement l'ordinateur du mobile, et qui en fait presque un prolongement du corps. Objet intime, ce dernier implique aussi une dimension intuitive. Cela suggère des fonctionnalités simples, que l'on comprend d'un coup d'oeil, à l'opposé de logiques trop descriptives.

 

Favoriser cette révolution mobile implique donc une conception à double-face. D'un côté, il s'agit de s'immerger dans les pratiques de l'utilisateur pour comprendre ses besoins, ses habitudes et les anticiper. De l'autre, il faut penser l'expérience mobile comme une expérience intime, ludique et donc sensorielle. Le smartphone, à la manière d'une seconde peau, doit se faire oublier, comme les objets connectés qui le complètent ou le concurrencent, pour enfin devenir vraiment «smart».

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