RADIO

«Serpent de mer», «dossier froid», projet «mort-né»... Les métaphores ne manquent pas pour évoquer la radio numérique terrestre (RNT). Il faut reconnaître que depuis 2004 (et surtout 2007), le sujet n'a pas manqué d'inertie et de (faux) rebondissements. Mais pourquoi? Pourquoi la RNT n'a-t-elle pas été lancée plus vite? Pourquoi fait-elle l'objet de tant d'hésitations? Et pourquoi va-t-elle... s'imposer inéluctablement?

 

Les réponses sont si évidentes qu'elles peuvent légitimement semer le doute. Un principe posé par le législateur depuis dix ans ne peut pas être bafoué par quelques opérateurs (certes historiques et populaires) hésitants soutenus par la passivité des gouvernements successifs. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est suffisamment indépendant pour faire fi des blocages et respecter la loi! Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, c'est pourtant bien la situation dans laquelle se trouve le «dossier»: entre réactionnaires et volontaristes, entre ceux qui n'en veulent pas, ceux qui en voudraient bien, ceux qui préfèrent ne pas savoir, et ceux dont la survie, le développement ou la naissance sont directement liés à son issue.

 

La radio mérite d'entrer dans le XXIe siècle

 

Affirmons les choses sans détour: rien ne s'oppose objectivement à la numérisation de la radio telle que prévue par la loi. Le développement de l'écoute sur le web (IP) ne s'y substitue pas en ce qu'elle est payante, non anonyme et difficilement mobile. On nous parle déjà de 5G, mais essayez d'écouter votre radio via le web en voiture, par exemple, et même en ville, et ne parlons pas de la «campagne»...

 

Le contexte économique est un argument irrecevable. La RNT permettra de baisser de manière historique les coûts de diffusion FM. Enfin, si la crainte d'une nouvelle concurrence est légitime, elle est aussi le symptôme d'un secteur mortifié à l'idée du changement, habitué à la régulation, qui veut encaisser du «cash» le plus longtemps possible.

 

La radio mérite d'entrer dans le XXIe siècle et d'être numérisée dans les meilleures conditions. Alors, qu'attendons-nous pour aller au-delà du 20 juin 2014, qui a vu des opérateurs téméraires se lancer corps et âmes dans l'indifférence (presque) générale? Qui de Paris, Marseille et Nice sait que cette innovation majeure de la radio est devenue une réalité? C'est une honte, un déni, mais la France qui innove est là et il faut faire avec.

 

Les auditeurs, premiers concernés

 

N'attendons pas un quitus de l'ancienne radio libre et libertaire NRJ, devenue radio système en puissance, qui n'a rien trouvé de mieux qu'attaquer les 107 autorisations délivrées par le CSA en RNT, ou des autres groupes comme RTL, Lagardère, Next Radio. Ils sont tous agrippés à leur zone de confort: une concurrence relative, un taux de rentabilité attrayant, qu'importe l'intérêt pour la France et ses auditeurs. Quant au gouvernement, celui-ci comme les précédents semblent avoir une approche pragmatique et silencieuse.

 

Le pragmatisme justement: prenons les auditeurs à parti. Ce sont eux les premiers concernés, alors sortons de l'entre soi et parlons au plus grand nombre en s'appuyant sur nos fréquences FM, qui doivent être mises à contribution. Nos confrères doivent être sensibilisés, il s'agit de liberté d'expression, de diversité éditoriale, de qualité sonore et de réception. C'est un sujet qui nous concerne tous.

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