Vous êtes ici
Pour bénéficier des alertes ou des favoris, vous devez vous identifier sur le site :
Vous avez déjà un identifiant sur stratégies.fr ? Identifiez-vous
Pas encore d'identifiant ? Créez vos identifiants
Le désert du Tartare
22/05/2008 - par David Genzel,David Genzel, consultant en communication, a vivement réagi au courrier de Luciano Bosio (lire Stratégies n° 1501). Quand la presse quotidienne nationale tremble, il y a forcément des répliques...
Je suis un passionné. Chaque jour, je parcours l'ensemble de la presse quotidienne nationale. Et mon premier contact avec la PQN commence par le diffuseur. Ah, le kiosquier ! Déjà, « la marque de presse » peut être entachée par l'oubli du supplément, le soupir excédé face au même supplément, ou le push du samedi ! Ce n'est tout de même pas de ma faute si j'adore le supplément Éco du Parisien et si le dernier Next de Libé était sublime.
Heureusement, j'ai la chance d'avoir trois vrais commerçants pour me servir : le kiosquier face au Sénat, celui du café de Flore et la librairie Buci News. Puis commence ma lecture... Je démarre invariablement par la page saumon médias - quand elle existe - du Figaro. Je glisse ensuite vers la dernière page des confidentiels. Puis j'enchaîne avec le lyrisme de Véronique Richebois dans Les Échos pour me sortir des faits bruts. Suit L'Équipe, pour les nouvelles du PSG. Et enfin, le régal absolu de lire La Croix, l'un des meilleurs quotidiens du moment. J'allais oublier le portrait de Libé, que ma compagne aura déjà parcouru sur Internet. L'après-midi, rien ne remplace le titre du Monde à la criée, par Ali, toujours au Flore ! Après cette lecture sereine, déjà ébauchée par la revue de presse de France Info à 6 h 20, je passe à la presse gratuite... À ce sujet, je suis d'accord avec Ivan Levaï, avec qui nous parlions récemment de la presse, quand il affirme que la presse gratuite remplit un véritable service public en donnant à lire à ceux qui, hier, ne lisaient pas. L'avocat Francis Szpiner, présent lors de notre discussion, ajoutait : « À 1,30 euro chaque jour pour Le Monde, en fin de mois, ça fait cher pour ma secrétaire. »
Esprit de justesse
La messe est dite : diffusion, concurrence des gratuits, prix élevés, le papier de Muriel Signouret dans Stratégies (n° 1498) était parfait. Tout y était, contrairement à ce que semble penser Luciano Bosio, directeur de la stratégie et des études du groupe Figaro (Stratégies n° 1501).
En privé, l'homme reconnaît volontiers que s'il défend avec autant d'acharnement la presse quotidienne nationale et Le Figaro, c'est parce qu'il en est le salarié. J'ai juste envie d'ajouter : le mercenaire stipendié. S'il avait été recruté par Direct matin ou 20 Minutes, défendrait-il avec le même acharnement la presse gratuite ? Drôle de conception des études, cette façon de monter au créneau pour celui qui vous paye ! C'est loyal, mais ça n'a rien à voir avec le marketing. L'esprit de justesse - ou de justice - ne se résume pas à lécher la main qui vous nourrit. Derrida écrivait : « Avoir un point de vue, c'est être aveugle. » Changer de point de vue en passant d'une agence médias, en l'occurrence Carat Presse, à un média, c'est-à-dire Le Figaro, cela manque de rigueur scientifique. Monsieur Bosio, faites plutôt un peu d'analyse « défectuologique ». Ne soyez pas le lieutenant Drogo du Désert des Tartares, celui qui attend la pub qui ne viendra jamais ! Ou alors, quand vous ne serez plus à votre poste.
La publicité déserte la PQN parce qu'elle est chère, mal diffusée, concurrencée par Internet et les revues de presse et, surtout, parce que pour être une marque, comme Luciano Bosio le suggère en évoquant Le Figaro, il faut aussi en maîtriser tout le mix marketing. En attendant, je vous donne rendez-vous devant la splendide exposition des trente ans du Fig mag sur les grilles du jardin du Luxembourg.
consultant en communication