Convergence
Le lancement d’Altice Studio s’inscrit dans une ambitieuse stratégie de fidélisation et de conquête d’abonnés pour SFR. Mais les hausses de prix induites suscitent des mécontentements.

Les abonnés de SFR peuvent la découvrir sur leur box jusqu’au 15 septembre : Altice Studio, la nouvelle chaîne de cinéma et de séries, est disponible en accès libre pendant près d’un mois auprès de 11 millions de clients mobiles et de 6 millions d’abonnés au fixe. Une base potentiellement massive, apte à concurrencer OCS et même Canal+… à condition qu’elle transforme l’essai. «Nous avons à retenir nos clients, à en conquérir de nouveaux et à améliorer l’Arpu» [revenu par abonné], a martelé Michel Paulin, le directeur général de SFR, le 29 août.
Pour convaincre, Altice Studio compte d’abord sur son offre : 400 films par an, deux séries inédites par mois auxquels il faut ajouter 1200 longs-métrages –dont 30% français– de la plateforme de vidéo à la demande par abonnement SFR Play (SVOD). Outre un partenariat à venir avec Paramount, un accord a été signé avec NBC Universal qui lui permet de proposer des films américains en exclusivité (Jason Bourne, Fast & Furious...). Les longs-métrages des distributeurs français ne sont pas non plus oubliés (Gaumont, MK2…).
Mais c’est surtout sur ses capacités maison qu’Alain Weill, directeur général des activités médias d’Altice, a insisté. Non seulement, elle reprend des séries de la filiale Hot (Medicis, Taken et les exclusivités Riviera et Sirènes), mais elle crée aussi des fictions propres: «Altice Studio, c’est un budget de 160 millions d’euros par an, dit-il, 40 millions vont à la production de films et de séries, dont 20 millions pour des programmes francophones.» La chaîne, située à Luxembourg, respectera d’ailleurs les quotas de 40% de diffusion d’œuvres européennes et françaises, sans y être contrainte.
Pas question, pour autant, de signer d’accords avec les professionnels du cinéma, à l’instar de Canal+ et d’OCS. Cela peut néanmoins évoluer… Alain Weill rappelle que la publicité en faveur des films reste interdite à la télévision –une consultation publique a cours sur le sujet– et la chronologie des médias empêche la SVOD d’être diffusée douze mois après la sortie en salle, comme la TV payante (hors Canal+).

Prix en hausse

Reste un point sur lequel Altice est davantage critiqué : l’augmentation des prix opérée sur ses forfaits. Elle peut atteindre 5 euros sur un abonnement fixe. C’est le surcoût à payer pour un abonné qui choisit de conserver Altice Studio. Le groupe le justifie, comme pour SFR Sport, en disant qu’il s’agit d’une offre à moitié prix par rapport aux 9,99 euros des offres OTT. Quant au désabonnement nécessaire à la chaîne dans les quatre mois pour cesser d’être facturé sur cette option, c'est parfaitement légal. Free ne procède d'ailleurs pas autrement avec son option Panorama.        
«C’est vrai que c’est légalement difficilement contestable, un opérateur peut augmenter ses tarifs dès lors qu’il y a une clause de résiliation, explique Benjamin Douriez, de 60 Millions de consommateurs. Mais il y a énormément de gens mécontents. La hausse des tarifs a d'abord été présentée comme une option “Privilège”. Sur le fixe, ils peuvent décocher l’option –à condition de le savoir– mais sur le mobile, ils ne peuvent pas renoncer à cette option.» C'est l'abonnement qui est en jeu.                                 

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