Le billet
Le billet de notre journaliste Emmanuel Gavard.

Les consommateurs «veulent du sens», les marques doivent «donner du sens», les politiques, les partis, les chefs d’entreprise… Du sens, tout le monde en veut, tout le monde en donne. Quand on n'en «fait» pas, dans un anglicisme ignoble. Sensas ! «Donner du sens», c’est la nouvelle formule magique pour paraître intéressant et jouer les ésotériques acceptables. C’est toujours le point 3 prémâché d’une prés’ «inspirante». C’est la phrase qu’on ne questionne pas : celle qui a du sens par elle-même. C’est la phrase qu’on sent, sans trop savoir par quel sens. Alors posons les choses : c’est quoi «donner du sens» ? Sur Amazon, quand on tape «sens», on tombe tout de suite sur des livres. C’est ça le sens ? Le sens, dans le Larousse, c’est «ce que signifie une chose». Et quand on regarde «signifier», on retombe sur «avoir du sens». Nous voilà bien avancés ! Le mot «sens» part tellement dans tous les sens qu’il tourne en rond sur lui-même… Ce que l'on oublie souvent avec le sens, c’est qu'il ne faut pas l’utiliser tout seul. Le sens n’est jamais unique. On parle du sens de sa vie, du rond-point, de l’État, mais pas du sens tout seul. Certains crieront à la vision étroite et rappelleront que le «donner du sens-tout-seul», évoque évidemment la dimension existentielle, le «je» des hommes. Le fait d’être et de se sentir là. Mais honnêtement, prétendre donner de l’existe-sens au gens, ce n’est pas un peu prétentieux ?

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.