Carte Blanche
Nicolas Couagnon, directeur de la création de l’agence de design et de brand thinking Zakka (TBWA) est inspiré par la simplicité. Elle serait garante de la pérennité d’une marque et de sa sincérité.

Le Bauhaus

«Comment peut-on mieux faire les choses»... jusqu’à réinventer la façon de vivre? C’est la question que pose ce mouvement. Comment est-ce que je repense le dessin d’une maison et même la manière de m’asseoir, comme l’ont fait Ludwig Mies van der Rohe ou Marcel Breuer? C’est le «less is more». Pour mieux faire, il faut faire moins. Voilà la base du graphisme – même si le constructivisme russe y a aussi contribué. Et c’est ce qui m’a toujours inspiré dans mon travail. Quand on fait moins, les choses sont plus intelligentes. Il y a plus d’idées dans la simplicité et c’est le meilleur moyen d’être sincère, comme ce que fait Dieter Rams avec Braun ou Jony Ive pour Apple ou Orange avec sa couleur unique. C’est ainsi que les marques sont plus pérennes. Elles peuvent toutes être des Apple ou Orange.



Louis Vuitton

En partant d’une identité graphique très simple en 2D, que ce soit dans sa typographie ou dans ses couleurs (juste deux), la marque réussit à atteindre plusieurs dimensions (3D). Tout un monde s’ouvre derrière, qui porte la personnalité de la marque. Cela passe par une chose : le fameux monogramme, qui est décliné de multiples façons. Takashi Murakami l’a par exemple mis en couleur, alors que la gamme «homme» est en noir et gris. En partant d'une soi-disant simplicité, on ouvre des visions multidimensionnelles.



Ivo van Hove

Dans son interprétation des Damnés de Visconti (à la Comédie française), ce metteur en scène considère que la scène est un cube, sans rideau. D’ailleurs, pour lui, elle ne s’arrête pas à la scène mais s’étend à la salle voire à l’extérieur. Les acteurs évoluent de façon cinématographique, dans l’espace, avec par exemple une scène de table où des acteurs sont dos au public. Le backstage est apparent, avec les miroirs, les ampoules… L’absence de décors rend la mise en scène simple et intelligente.



Le Japon

C’est une des cultures les plus intéressantes au monde car elle joue sur une ambivalence entre tradition dans l’architecture et extrême modernité, mais toujours très bien faite et intégrée. Ils aiment non pas ce que je qualifie de simple, mais ce qu’ils préfèrent appeler la pureté. Et d’un autre côté, le monde kawaï, des jeux vidéo et du cosplay avec ces filles à couettes roses et ce foisonnement de couleurs. À Tokyo par exemple tout est très étudié, même dans les « graffs » dans la rue. Lorsqu’il pleut, les gens utilisent tous des parapluies transparents. Ils ne coûtent rien, ils sont simples et épurés.

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