Talent à suivre
Sans formation ni bagage artistique, cette jeune photographe, bientôt réalisatrice, n’hésite pas à se lancer en terrain inconnu.

Native de l’Essonne, Lou Escobar a connu ces moments de « rien ». « En banlieue, il n’y a pas tous ces musées, ces endroits touristiques à visiter, on est loin de tout. Alors pour passer le temps avec mes amis, on se matait des films pendant des heures. Mon voisin, qui était aussi un ami, m’a transmis cette passion pour le cinéma », raconte-t-elle. Une nourriture visuelle qu’elle continue de cultiver au travers de ses voyages. Rien que cette année, elle en avoisine dix. Mais que reste-t-il de sa passion pour les films ? « Malheureusement, le manque de temps ne me permet plus d’en regarder autant. Pour l’instant, je suis dans une phase qui bouge, jusqu’au moment où ça se calmera. »

Partir pour mieux revenir

Pour cette jeune photographe, dont le nom (véritable) commence à se faire connaître, les projets se bousculent. Pendant l’interview, les messages affluent sur son téléphone. Son équipe, avec qui elle shoote depuis cinq ans et donc depuis le début de son aventure, lui demande de régler les derniers détails pour leur futur tournage, l’obligeant à faire une pause. « Dans quelques jours, on part au Sénégal tourner le clip d’un artiste. C’est la première fois que je revêtirai la casquette de réalisatrice, un rêve. »

Tout a commencé de l’autre côté de l’Atlantique. Elle choisit de prendre la poudre d’escampette vers les États-Unis après des études de psychologie qu’elle ne jugeait pas adaptées à ses attentes. Là-bas, elle enchaîne les décors : Cuba, Mexique, Californie… Révélation. Elle décide de « tuer le temps » en faisant de la photo. « Je n’en avais jamais vraiment fait avant et puis d’un coup, ça a commencé à prendre. » Pas en termes de likes, mais en termes de visibilité. De retour sur Paris, elle réalise son premier projet à l’occasion des fêtes de Noël pour les vitrines du magasin Citadium. Et depuis, les collaborations s’enchaînent : Diesel, Coca-Cola, Fob… « Je suis arrivée au stade où je peux dire non à certains projets. » Même si elle admet avoir déjà pris un « break » dans sa carrière, le temps de trouver sa patte, de définir ce qui la caractérise. Une crise existentielle pour cette jeune photographe qui désormais assume ne pas savoir comment définir son style. Elle se laisse porter au gré de son instinct.

Mis en scène dans des décors dignes d’un Tarantino, ses clichés capturent des portraits d’hommes et de femmes, surtout de femmes, qu’elle ne connaît pas. Ce sont des messieurs et madames tout-le- monde qu’elle arrête dans la rue comme saisie par leur beauté, et parfois par leur noirceur. Ironique pour une Parisienne de prendre le temps de regarder ? « J’adore marcher, je ne prends jamais les transports, ce qui me permet justement d’observer les gens. » Plongée dans un environnement frénétique, où les projets se bousculent, Lou Escobar semble en paix. Armée de ses baskets à plateformes et de son téléphone toujours allumé, parcourir le monde ne lui fait pas peur. 





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