Illustration
Là où on attendait la féerie, Baptiste Drausin, illustrateur parisien, renverse le décor en confrontant les personnages de Disney et DC Comics aux désastres environnementaux. Le résultat fait mal.

« Si vous voyez un ours polaire mourir de faim sur une photo, ça va moins vous choquer, parce que c’est trop loin de vous. Par contre, si je vous dessine un personnage de Disney ou un super-héros avec lequel vous avez grandi confronté à une catastrophe naturelle, là je vais vous interpeller. » Muni de son crayon, Baptiste Drausin (alias « The Baptman ») fait un gros plongeon dans la firme tentaculaire de l’imaginaire. Et une fois la tête sortie de l’eau, il y découvre un monde qui est loin d’être tout beau, tout rose. Bambi face à la déforestation, Dumbo face à l’exploitation des animaux, ou encore Ariel La Petite Sirène face à la pollution des océans…

Dans ses mises en scènes, l’illustrateur parisien, qui est par ailleurs informaticien, imagine donc à quoi ressembleraient ces personnages de la pop culture s’ils étaient confrontés aux catastrophes écologiques. Le déclic ? Un séjour en Indonésie en 2018, durant lequel il s’est « tout de suite retrouvé au milieu de déchets, que ce soit aux abords des plages ou des forêts. » Des images qui l’ont «vraiment choqué ». « Je me suis alors demandé comment, à partir de ça, je pouvais essayer de sensibiliser les gens. » Les premiers dessins voient le jour lors du défi mondial de l’Inktober, dont l’objectif est de produire un dessin par jour.

« Ma parole a pris plus de sens. Des professeurs d’écoles primaires et collèges m’écrivent pour me demander s’ils peuvent utiliser mes dessins et des manifestants pour la marche pour le climat 2019 les ont également imprimées. » Au fil des histoires, il enfonce un peu plus le crayon dans la plaie. La mise en scène avec Aquaman en est un parfait exemple. On y voit le super-héros portant un hippocampe mort dans les bras, devant une marée noire. « Le plus dur est de prendre du recul, mais surtout de trouver la bonne association entre l’idée liée à l’écologie et le personnage. Parfois, je me raccroche à l’actualité. »

Une fois par semaine, un dessin est posté sur Instagram et Facebook avec la même légende : « When pop culture meets ecology !… » « Mon objectif est de prioriser les petites bandes dessinées en quatre cases, car il est parfois difficile de développer une histoire sur une seule image. » Les premières ébauches sont griffonnées dans un carnet, puis prises en photo et transformées en dessins sur un logiciel de graphisme. 

Baptiste Drausin n’est pas le premier à dénoncer ainsi les fléaux écologiques, l’artiste new-yorkais Jeff Hong l’avait déjà fait. Peut-être retrouvera-t-on un jour leur nom dans un manuel scolaire. 

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