Communication
Face à l’épidémie de coronavirus, Santé Publique France et son agence Babel ont misé sur une stratégie massive, réactive et évolutive pour informer la population.

À situation inédite, communication inédite. Depuis quelques semaines, c’est à cette équation quotidiennement renouvelée que se trouvent confrontées Santé Publique France (SPF) et son agence Babel, chargés de l’information et de la prévention des Français quant à la propagation actuelle du Covid-19. Un défi de taille alors que le virus a déjà fauché plus de 8000 vies dans l’Hexagone. Car à l’importance de l’épidémie et le manque de connaissances scientifiques vient s’ajouter sa récence. « Nous n’avons pas attendu le mois de mars pour réagir puisqu’une cellule de crise a été mise en place dès fin janvier et que nous avons parallèlement dégradé l’ensemble des programmes en cours pour nous concentrer sur le coronavirus », désamorce en préambule Claudine Tanguy, directrice adjointe à la prévention et à la promotion de la santé chez SPF, qui s’adresse autant au grand public qu’aux professionnels. « Nous avons été briefés au début de la crise, quand il y avait encore peu de cas en France, à l’inverse de la Chine ou de l’Italie, mais que cela devenait inévitable », rappelle pour sa part Capucine Mistral, directrice conseil au sein de l’agence Babel, évoquant un « baptême du feu » inconcevable il y a peu. « Lorsque nous avons remporté le budget en début d'année, les thèmes au menu pour 2020 étaient la canicule ou la vaccination grippale. L’ensemble du plan de communication initial a été bouleversé », ajoute-t-elle à propos d’un ennemi invisible qui pousse SPF et son agence à composer en flux tendu.

Information de masse

« L’objectif est d’être au plus près de l’ensemble de la population, y compris les plus précaires comme les personnes incarcérées ou à la rue pour qui nous développons des messages adaptés », contextualise Caudine Tanguy au sujet des outils de communication massivement diffusés ces dernières semaines avec le concours de son agence média Dentsu Aegis Network. À la clé, informations quant au virus, rappels du confinement et autres gestes barrières martelés sous la forme de « films TV et digital, de messages radio, de bannières et de posts sur les réseaux sociaux ou encore d’affiches et de dispositifs DOOH », liste Capucine Mistral. « La situation exceptionnelle fait que nous procédons aussi à de la réquisition d’espace », complète la directrice adjointe à la prévention et à la promotion de la santé, mobilisée « sept jours sur sept » aux côtés d’équipes étoffées depuis le début de la crise. Même constat du côté de Babel où les communicants travaillent d’arrache-pied en coulisses. « Un système de roulement des équipes, composées d’une quinzaine de personnes -consultants, créatifs, équipes de production…-, a été mis en place afin d’être disponible 24h/24h en périodes de rush », relève la directrice conseil, pointant directement les enjeux de réactivité dans une situation où le temps est compté.

Réactivité exigée

« La difficulté principale consiste à s’adapter le plus rapidement possible aux nouvelles connaissances sur le virus qui peuvent faire évoluer les messages », constate Claudine Tanguy, rappelant que SPF dispose dans ce cadre d’une « équipe exclusivement dédiée à réaliser des benchmarks internationaux afin d’analyser l’évolution de la maladie et d’adapter les messages de prévention ». Une tâche loin d’être unilatérale puisque la réponse de SPF, qui correspond à un « travail collaboratif », nécessite un certain nombre d’allers-retours avec les experts du ministère de la santé et du Service d’information du gouvernement (SIG). Sans omettre le CSA, également dans la boucle. Mais pas de quoi ralentir le processus à en croire Capucine Mistral. « Pour ce qui est du côté scientifique, nous suivons scrupuleusement les indications de SPF. Certaines choses peuvent être diffusées du jour au lendemain et pour la production de film, 48h ont parfois suffi. Dans cette optique, on essaie d’internaliser au maximum le travail même si nous sommes obligés de faire appel à des acteurs extérieurs sur quelques aspects comme la traduction du langage des signes par exemple », développe la directrice conseil, soulignant également le « contexte de télétravail » dans lequel l’étroite collaboration avec SPF s’effectue.

Stratégie évolutive

« Il s’agit de toucher tous les publics, raison pour laquelle nous faisons également évoluer notre stratégie de communication au fil du temps », poursuit Claudine Tanguy, faisant notamment référence aux « premières actions de communication effectuées fin janvier en digital auprès des médecins et professionnels de santé avant de basculer rapidement sur des outils pour le grand public ». Et que l’on ne s’y trompe pas. Si la semaine du 6 avril marquera peut-être un tournant décisif dans l’érosion de l’épidémie, les fronts ouverts par le coronavirus se multiplient pour l’établissement public et son agence. « Les deux sujets majeurs sur lesquels nous sommes en train d’avancer concernent la vie quotidienne en période de confinement et les questions de santé mentale. À ces fins, nous développons actuellement une dizaine de vidéos relatives aux activités et à l’organisation au sein du foyer en période de confinement mais aussi un volet spécifique de manière à répondre aux situations de violences intrafamiliales qui augmentent fortement avec le confinement », conclut-elle. Signe que Santé Publique France et Babel seront encore en première ligne durant de longues semaines.

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