Éducation
Les violences faites aux enfants sont monnaie courante dans certaines familles. L’association Stop VEO et son agence Publicis Conseil ne se voient pas comme des donneurs de leçons mais plutôt comme des accompagnateurs de changement. Pour traiter ce sujet sensible, la réalisation a fait le choix d’un film esthétique, tout en grâce.

À l’heure du dîner, une mère se retrouve à table avec son petit garçon. Ce dernier ne dit mot et jette son plat par terre. Lasse, la mère grince des dents. Dans cette campagne intitulée « Les mots que je ne te dirai pas », signée Publicis Conseil, la caméra ouvre sur deux temporalités face à cette situation : une présente et une imaginaire. Dans l’idéal, on aimerait penser que la parente choisirait l’option de la communication avec son enfant, comprendre d’où vient cette colère. Mais dans la réalité, une violente claque clôturera les trois minutes de ce court-métrage. «Nous accompagnons l’association Stop VEO-Enfance sans violences depuis neuf ans, ce qui a donné en tout la naissance de trois films. Cette année, nous voulions être le relais de la loi adoptée en 2019 sur l'abolition des violences éducatives ordinaires comme les claques, les fessées ou les humiliations et ouvrir le dialogue sur d’autres possibilités», explique Anne Dauvé, directrice commerciale chez Publicis Conseil.

Neutralité

Pour les plus conservateurs, une fessée de temps en temps ne fait pas de mal. Jusqu’au moment où celle-ci pourrait se transformer en coup. L’escalade de la violence ne prévient pas. Et avec cette campagne, le but est de faire de la prévention. «On s’est posés beaucoup de questions sur l’origine de cette violence. Sans parler d’actes de folie pour certains, les gestes violents peuvent être aussi influencés par le stress et donner des réactions irréfléchies. C’est pour cela que nous avons suivi une protagoniste qui vit des galères du quotidien mais qui peut faire les bons choix», explique le concepteur-rédacteur, Kevin Salembier.

On ne compte plus les actes de violences entraînées ou accentuées par le confinement. Nombreuses sont les associations à avoir lancé des campagnes de sensibilisation concernant la maltraitance faites aux femmes, aux enfants, aux animaux… Même si cette opération n’est pas née d’une volonté de réagir face au déchaînement des bourreaux durant cette période inédite, elle souhaitait avant tout accompagner l’association ainsi que la loi mise en place par le gouvernement. «C’est un sujet touchy et bien évidemment nous ne nous positionnons pas comme donneurs de leçons. Il en va de même pour le casting, nous ne souhaitions pas être stigmatisants. Même s’il s’agit d’une femme seule avec son enfant, il faut plutôt la voir comme un parent», avance la productrice Hélène Daubert. Un corps neutre dans un esprit neutre donc. Une question restera tout de même en suspens : pourquoi avoir fléchi avec l'incarnation d’une femme plutôt qu’un homme ?

Dichotomie

Dans ce court métrage de trois minutes, la réalisation aurait pu céder à la tentation du pathos. À l’inverse, elle illumine ce film avec deux musiques électro-punchy. «Le choix de la musique résulte d’un long débat. La première vient planter le décor avec la mise en place de la relation entre les deux protagonistes et la seconde pour mettre en exergue les émotions positives», énonce la réalisatrice Laura Sicouri. Une manière de marquer la rupture entre la colère et la joie. Une dichotomie également appuyée par le choix des plans. Filmées au milieu des immeubles de la banlieue de Puteaux, les scènes d’intérieurs sombres s’intercalent avec la lumière du crépuscule. «Ce contraste entre les plans vient équilibrer les sentiments», affirme la réalisatrice. Il laisse penser à la métaphore d’un nouveau jour où «les mots que je ne te dirais pas» se muent en «les gestes que je ne ferais plus».

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