Mode
Le duo de réalisateurs Bloom – Emily Jeanne et Nikolaz Le Coq – donne vie à une nature morte, représentée par des accessoires, dans le film d'ouverture du 35ème Festival de Hyères. Avec un montage «cut» composé d'images fluides, les scènes s'assemblent sans se ressembler.

Le Festival d’Hyères, qui récompense les plus grands créatifs fashion du monde, a failli ne pas avoir lieu cette année, étant donné la crise sanitaire. Mais la Villa Noailles a bien ouvert ses portes, six mois après la date initiale, afin d’organiser sa 35ème édition. Tous les grands noms sont passés par ce festival, il était impensable de priver le monde de la création de nouveaux-nés. Lors de cet événement, le duo de réalisateurs Bloom – Emily Jeanne et Nikolaz Le Coq – a eu carte blanche par la société de production Première Heure pour réaliser un film «compte-rendu» des dix finalistes dans la catégorie grand prix du jury accessoires de mode. 

Si ce n’était pour un grand prix, on croirait regarder la présentation de la dernière collection printemps-été d’une maison de luxe. Dans un film de deux minutes, un choix d’accessoires est mis en avant, qui n’est pas dû au hasard. «Nous avons mené notre enquête auprès des dix finalistes et réfléchi pour attribuer à chaque designer son objet iconique», introduit Emily Jeanne. Après avoir rempli un appartement d’objets de ces designers, le duo de réalisateurs accompagné du chorégraphe Roméo Agid a composé une chorégraphie à partir d'une myriade de chapeaux, sacs et autres accessoires de luxe. 

Catalogue vivant

Dans la composition du film, les images –furtives– se suivent, les gros plans s’entrechoquent. Dans l'esprit d'une nature morte, par opposition, les réalisateurs donnent à voir un catalogue vivant. «Nous ne voulions pas quelque chose de narratif, ni une chorégraphie romantique. Inspirés par le concept du Rubik's Cube, nous avons joué sur un chassé-croisé des objets, un jeu d’images de bonds et de rebonds», explique Emily Jeanne. Une production chorégraphiée, axée sur la gestuelle, qui met à mal la perception du spectateur. L’impulsion du mouvement vient-elle des danseurs ou de l’accessoire en lui-même ? «Chaque geste est associé à un accessoire. Le sac rouge nous a donnés l’idée d’un mouvement en crabe, la casquette noire reprend l’idée d’un cadran solaire, le petit sac rond d’un Pac Man… Nous sommes partis de l’objet pour avoir quelque chose d’abstrait», traduit Nikolaz Le Coq. 

Une fois la sélection d’accessoires effectuée, il ne manquait plus que des modèles pour les mouvoir. Parmi le casting, un couple mixte de jeunes. L’un est danseur à l’Opéra, l’autre est mannequin mais aime la danse. Exposés dans un décor vierge et habillés en noir et blanc, les acteurs rayonnent. «Le choix de l’Espace Lumière à Saint Denis, son apparence un peu “galerie” avec un espace brut et une lumière naturelle, ouvrait la possibilité à la performance. C’est un lieu à l’esprit berlinois», justifie Nikolaz Le Coq. En une journée, les danseurs ont dissèqué chacun de leurs mouvements. Et lorsqu'ils pensaient être en pause, la caméra restait allumée pour capturer des incidents. «Il fallait vraiment que les actions soient prises sur le vif puisque la séquence suivante reprend la continuité d’un mouvement. Ce que nous souhaitions, c’était surtout éviter l’ennui. Et la musique rythmée y joue pour beaucoup», lance Emily Jeanne. Une musique aux sonorités d’instruments diverses, composée par le chorégraphe lui-même. Sans oublier un montage réalisée par une main de maître par la société de postproduction Saint Louis. Diffusé à la Villa Noailles, ce film a ouvert la danse du Festival d'Hyères. Depuis, il est disponible sur les réseaux sociaux, n’interrompant pas le mouvement créatif de cette production. 

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