Photographie
Christopher Anderson, photographe au CV impressionnant et au carnet d’adresses bien rempli, sait rester modeste. Cet autodidacte enchaîne les nouvelles expériences, du photo-reportage aux travaux plus intimes.

L’ennui ne fait pas partie du mode de vie de Christopher Anderson, photographe de l'agence Magnum. «Ce n’est pas une question d’ambition mais c’est mon côté explorateur. Cela vient du fait que j’ai grandi au Texas, dans une petite ville en plein désert, où j’ai passé beaucoup de temps seul», raconte ce Canadien de naissance, Américain de nationalité et, depuis un an, Parisien d’adoption. Ses pérégrinations l’ont mené à la photographie avec, comme premier job, une place de photo-reporter dans un quotidien du Colorado. Après quelques années, il s’envole pour des pays en guerre dont la Bosnie, l’Irak... et devient photo-journaliste pour de grands magazines américains.

«En 2008, mon fils est né. Au même moment, il y avait la crise économique, la chute de la presse aux États-Unis, et moi aussi, j’étais un peu en crise. J’ai fini par arrêter le photo-journalisme.» Cette introspection l'a poussé à réaliser des projets plus personnels, plus intimes, avec notamment la sortie de son livre Son, un hommage à son fils, Atlas. Suivra en 2020 son dernier livre intitulé Pia, cette fois en hommage à sa fille. Avec cette relation père-enfants et donc photographe-sujet, il pousse l’intime à son paroxysme. «En parallèle, j’ai commencé à travaillé pour le New York Magazine, à faire des portraits de stars, de personnalités politiques. Mes sujets ont vachement changé en même temps que mon travail personnel.» Comme sa technique, puisque le temps est devenu maître de sa prise de vue. «Quand tu es sur le champ, tu ne contrôles rien. En studio, j’ai le plaisir d’avoir ce contrôle, je peux faire des expériences avec les sujets, les lumières… » Ce nouveau travail lui a permis de rencontrer de grandes personnalités dont Barack Obama, Chuck Close… Ce qui ne l'intimide pas. Au contraire, il ne les voit que comme des humains. Afin de compléter cette exploration, Christopher Anderson s’est formé à la réalisation. Depuis représenté par la boîte de production Birth, il a notamment réalisé des spots publicitaires dont un sublime film pour Hermès.

Au moment de l’interview, le photographe se retrouve confiné, privé de perspective et d’horizon. «C’est à double tranchant : je peux profiter de ma famille, mais pour le travail, cela s’avère plus difficile.» Il s’attèle à mener deux projets «top secrets» –un tournage et un portfolio– à distance. «Via Zoom, je vois le sujet, je lui donne quelques directives, je peux même contrôler la lumière et j’ai un assistant sur place qui bouge la caméra, qui met en place le décor… » Cette fois-ci, avec l’avènement des réseaux sociaux, c’est la photographie qui subit une crise existentielle. Mais pour le photographe, ce qui subsistera, ce ne sont pas les techniques mais le point de vue de celui qui est derrière l’appareil. Seulement s'il reste lui-même. 

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