Making of
Alors que l'agence CLM BBDO s'apprête à tirer le rideau, elle montre une dernière fois son savoir-faire en matière de création avec la campagne de lancement de la licence Ubisoft : Immortals Fenyx Rising. Un film d'animation en 2D perçu comme une madeleine de Proust pour les fans de mangas.

La fin d’année approche, par conséquent les cadeaux aussi. Ubisoft en profite pour annoncer le lancement d’un nouveau-né au sein de la fratrie des jeux vidéo à gros budgets : Immortals Fenyx Rising. Une épopée d’inspiration mythologique dans laquelle l’héroïne Fenyx, une demi-déesse, est appelée à sauver les dieux. Pour donner vie à cette héroïne, les studios d’Ubisoft ont confié à l’agence CLM BBDO leur bible réunissant toutes les bases graphiques du jeu. Le reste repose sur l'imagination et le savoir-faire de l’agence. 
Et contre toute attente, le duo de directeurs de création, Benjamin Dessagne et Stéphane Santana, a opté pour un film publicitaire de lancement avec un graphisme en 2D, pas représentatif du graphisme du jeu. «Jusqu’à présent, Ubisoft exploitait des univers réalistes mais pour ce jeu d’animation, il était exclu de faire du live action. Dans notre interprétation, il y avait une volonté de faire une pub un peu à l’ancienne, d’où le choix de la 2D. Tout en insérant des éléments de décors et des personnages, nous avons joué la carte de l’originalité pour donner au film un côté cartoon», justifie le duo. Derrière ces dessins, on retrouve le collectif d’animateurs CRCR. Au lieu de passer par un traditionnel appel d’offres, l’agence a demandé à quelques artistes de laisser libre cours à leur imagination pour réinterpréter le «key visual» du combat entre Fenyx et le cyclope. Les élus ont été sélectionnés pour leurs dessins à la croisée des comics américains et des mangas japonais. Il est vrai qu’il y a un côté Tekken et Dragon Ball Z dans ce film, étant donné la succession de scènes de combats entre l’héroïne du jeu et des monstres mythologiques. «Le script était au départ articulé autour des différents combats. CRCR s’est chargé de trouver des transitions afin de créer un parfait enchaînement et donner à voir un film global. À la différence d’un tournage classique, il faut laisser les rênes aux dessinateurs car on peut dire ce que l’on veut, nous n’avons pas ces compétences», tranchent les directeurs de création.

En solo

«Nous avons été briefés il y a trop longtemps, dans une lointaine galaxie, ça devait être fin de l’été 2019. C’est toujours long avec les jeux vidéo, rien n’est jamais fixe car le storytelling est en constante évolution», explique le duo. Pour rappel, ce brief demandait à l’agence de lancer une nouvelle licence pour une cible qui n’est pas forcément celle d’Ubisoft. Généralement, elle confectionne des jeux PEGI 16, Fenyx est un PEGI 12. Habitué aux jeux de FPS (first-person shooter), l'éditeur français a senti le besoin de se réimplanter dans un monde fantastique. Ou plutôt de réutiliser un filon qui a bien marché. «Ubisoft a connu un carton avec son jeu qui se passe dans la Grèce antique, Assassin’s Creed Odyssey. Elle a exploité un savoir qu’elle avait déjà pour en faire un solo epic game, un jeu d’aventure avec au centre un héros», traduisent les créatifs.
Une belle manière de clore le chapitre du duo au sein de l’agence CLM BBDO, sur le point de fermer. Même s’il annonce que deux autres films Ubisoft – en phase de postproduction – sortiront courant 2021, le duo aimerait laisser une trace avec celui-là. «C’est rarissime de faire des films en 2D en 2020. Celui-ci se démarque de par sa simplicité. Ce projet nous a renvoyés à des souvenirs étant gamins : nous étions biberonnés aux mangas des années 80-90. Finalement, on s’est fait notre manga à nous», concluent Benjamin Dessagne et Stéphane Santana.



 

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