Photographie
Emma Birski s'est découvert une réelle passion pour la prise de vues. Cette artiste solaire défend le beau, avant tout.

Au Café de La Pépinière rue Saint-Augustin, le look arty d’Emma Birski irradie au milieu des costards sombres. «J’espère que tu vas entendre quelque chose avec le bruit ambiant», amorce-t-elle. Ce n’est pas sa voix douce qui va l’empêcher de se faire entendre. Du haut de ses 24 ans, la photographe sait ce qu’elle veut ou du moins ce qu’elle ne veut pas. Elle est née à la campagne près d’Orléans, «où il n’y a même pas de bus et où ça sent la bouse de vache». L’ennui la pousse à être créative. «J’ai commencé en piquant le reflex tout neuf de ma mère et j’allais au lycée avec pour prendre mes potes en photo. Mes parents ont fini par me mettre en bac pro photo à Tours.» Mais les cours ne l’intéressent toujours pas. Idem lorsqu’elle intègre un BTS à Paris. Alors elle poursuit son école buissonnière pour démarcher quelques clients comme des labels de musique et des comédiens. «Je savais déjà ce que je voulais prendre en photo : des portraits, de la mode et des groupes de musique.» Elle commence à travailler pour des magazines en shootant les couvertures de Technikart, Les Inrocks… Plus récemment, l’agence Fisheye l’a démarchée pour réaliser la campagne print de l’Opéra de Paris. Encore une série de portraits, cette fois-ci avec les salariés. «Je crois que j’aime juste rendre les gens beaux. Cela a commencé avec mes amis. Au lycée, ils changeait tous leurs photos de profil Facebook par mes photos, j’étais trop contente», sourit la photographe.

Mission Damon
Son compte Instagram est truffé de photos-portraits teintés d’univers très colorés voire oniriques. «Je n’ai pas forcément de messages à faire passer. On m’a tellement tanné avec ça pendant mes études que ça a choqué mes profs quand j’ai décidé de juste faire du beau.» Paradoxalement, elle réfléchit à la production d’un projet un peu plus personnel, qui défend une cause. Une série sur la santé mentale où les maladies seraient mises en scène de manière métaphorique. Avec le confinement, l’angoisse, la bipolarité ou la dépression – autrefois vues comme des gros mots – sont désormais au centre des discussions. «Je rêve de prendre en photo Damon Albarn (le chanteur de Gorillaz), je l’admire depuis mes 12 ans. C'est bête, mais je crois même que j’ai commencé la photo pour ça. Je pourrais mourir en paix si ça se faisait.» Un objectif qu’elle n’abandonne pas, mais qui se heurte à des préjugés. «Je suis jeune, qui plus est une fille, je n'ai pas énormément de productions à mon actif, donc je suis souvent infantilisée par les gens avec qui je bosse. Avec des blagues un peu paternalistes aussi; je viens pas bosser pour avoir un deuxième père. Mais ça passera. J’espère», plaisante-elle à demi-mot. La force des réseaux sociaux et de sa communauté l’aideront sans doute à concrétiser ce rêve.

 

@emmabirski

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