Exposition
Après un lifting de ses locaux, l’agence Rosa Paris a continué de surfer sur le thème de la jeunesse puisqu’elle a lancé sa galerie et avec elle, sa première exposition photos dont le thème porte sur les jeunes de 20 ans en 2020.

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020.» Cette phrase, lancée par le président Emmanuel Macron lors d’une interview, l’agence Rosa Paris en a fait son fil conducteur pour son dernier projet. Dans ses locaux fraîchement rénovés, l’agence a décidé d’ouvrir sa propre galerie d’art avec la Rosa Galerie. Située dans le 11e arrondissement, l’agence organisait sa soirée d’ouverture le 21 octobre. En plus de l’interne étaient présents quelques journalistes, des clients de l’agence et une poignée de stars avec Maïwenn, Jacques Séguéla… Ce soir-là, l’alcool coule à flots et les discussions vont bon train. Minuit n'a même pas encore sonné que les quelques courageux s’emparent de la piste de danse et ouvrent la voie aux plus téméraires. 

Sur place sont présents les créateurs de cette galerie : Jean-François Sacco et Jean-Patrick Chiquiar, également cofondateurs de l’agence; Élodie Jonquille, head of production et Lauren Weber, directrice de la communication . «Si on remonte un an et demi en arrière, nous étions en plein covid et les frontières entre le privé et le public se fragilisaient. Le monde était en plein changement. Nous avons donc mené une enquête en interne et nous avons noté qu’il fallait transformer l’entreprise/agence en expérience. Intégrer des espaces que nous n’avions pas chez nous et qui nous semblaient nécessaires. En plus d’une bibliothèque, nous avons donc installé cette galerie où il sera possible de faire des conférences, des mini-concerts… comme un média culturel. À la suite du covid, il nous semblait normal de dédier notre espace à la culture», conceptualise Jean-François Sacco. Après ces temps difficiles, une notion de partage pour les artistes non négligeable. 

Vers 21 heures, Jean-Patrick Chiquiar se dévoue pour faire la visite des nouveaux locaux à Stratégies, quand Lauren Weber enchaîne sur une visite privée du vernissage. Le thème : «Avoir 20 ans en 2020». «Nous avions plusieurs idées de thèmes, mais nous avons gardé celui sur les 20 ans car il est pile dans l’actualité et touche tout le monde. Il permet également d’aborder différents sujets sous plusieurs angles», avance Élodie Jonquille. «Socialement, il s'agit d'un thème fort et qui reste en accord avec les valeurs de notre agence», poursuit Lauren Weber. Un sujet de prédilection pour l’agence qui avait déjà choisi de traiter ce sujet dans un film mémorable, «20 ans», réalisé par Alice Moitié pour le client Ouigo.

Quête d’identité

Une fois la trame trouvée, il a fallu redoubler d’efforts pour dénicher des artistes. Même si l’agence s’est limitée au nombre de dix, taille de la galerie oblige. Leur point commun ? Ce sont tous des jeunes engagés et émergents. Pas étonnant dès lors que les thèmes choisis par les artistes portent sur des sujets qui créent du débat. Dès l’entrée de la galerie, le premier traite de la sexualité. Derrière les photos, Laurence Philomène, qui se décrit comme non-binaire, queer et transgenre. Ses photos racontent donc cette quête d’identité, quête quasi-universelle chez les jeunes. Le photographe Vincent Jarousseau décline lui le thème de l’exposition sur un sujet d’actualité, l'élection présidentielle : «Avoir 20 ans et soutenir le Rassemblement national». Quelques pas plus loin, Emma Burlet, avec un titre tout aussi parlant : Tenue correcte exigée. Pour le journal Libération, l’artiste a suivi des lycéennes de Boulogne-sur-Mer, réunies pour manifester contre l’interdiction de certaines tenues jugées indécentes par leur lycée. «Nous avons réalisé une veille assez large des jeunes artistes, sans tomber dans le ridicule. Nous voulions vraiment des artistes qui traitent de sujets en rapport avec la jeunesse d'aujourd'hui. Bien évidemment, il a fallu en discuter entre nous et trancher. Cette sélection nous a pris un mois cet été. Nous les avons ensuite contactés et nous n'avons essuyé aucun refus », rapporte la head of production. 

Cabinet de curiosités 

En plus des photos, l’agence a voulu rendre cette exposition immersive en installant une chambre semblable à celle des jeunes, de 2020 évidemment. Entre le sex-toy, le matériel pour rouler des cigarettes, les préservatifs et la ring light (anneau de lumière) pour effectuer des Tik Tok, tous les ingrédients sont réunis pour ne pas créer de fausse note. L’agence avoue d’ailleurs que ce cabinet de curiosités a été fourni par les salariés eux-même. La moyenne d’âge de l’agence étant de 25 ans, ces derniers savaient, à juste titre, ce qui les toucherait. «Cette chambre est volontairement petite, non pas pour représenter les chambres de bonnes mais de manière à faire ressentir une forme de claustrophobie. Généralement, dans les expositions, les gens hésitent à fouiller et à s’introduire dans les installations. C’est pourquoi la scénographie a été pensée de manière à inviter le public en insérant les travaux d’autres artistes dont les illustrations de Paco Rodriguez ou encore la série “Tu préfères” du duo de réalisatrice Lise et Romane», explique Élodie Jonquille. Une digression peut-être liée à la crise pandémique et aux multiples confinements, avec la présence de Xanax et d’huiles essentielles apaisantes. «En interne, quelques parents sont venus me dire qu’ils avaient pris conscience de la dure réalité de leurs jeunes», se remémore la directrice de la communication. Une épreuve difficile certes, mais vécue de la même manière chez toutes les générations. 

Depuis cette soirée d’ouverture, la galerie a continué d’exposer les artistes neuf jours durant. Sur le long terme, l’agence espère assurer deux à trois expositions par an. En attendant, il faudra patienter jusqu’au printemps prochain pour voir la prochaine, et surtout connaître le thème suivant. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.