Talent à suivre

Après un passage dans la finance, les frères Chantzios ont décidé de reprendre l’oliveraie familiale. Avec leur épicerie Maison Kalios et leurs restaurants Yaya, ils mettent en valeur la richesse de la cuisine grecque.

Grégory et Pierre-Julien Chantzios baignent depuis l’enfance dans la culture grecque inculquée par leur père. Tous les étés, ils se rendent dans le village de Neochori-Ithomi, près de Kalamata. Là-bas se trouve le reste de la famille qui, depuis sept générations, cultive l’olive. En grandissant, les deux frères tracent leur route chacun de leur côté en se spécialisant dans la finance, avec un rythme de vie opposé. Pendant un road-trip aux États-Unis, peu après la crise des subprimes, ils passent deux semaines à se questionner sur leur avenir incertain et prennent alors une décision : celle de reprendre l’oliveraie familiale.

C’est à Maison Kalios, une épicerie fine et cantine grecque qu’ils ont fondée, que Stratégies les rencontre. Du sol au plafond, l’endroit donne l’impression d’être sur une île des Cyclades. « C’est parti d’une envie de valoriser le terroir grec, car quand on a commencé, ses produits n’étaient pas reconnus en France et à Paris pour leur juste valeur. Depuis une dizaine d’années, la Grèce a une nouvelle image et avec Kalios, nous avons envie de proposer une variété de produits, et pas uniquement les plats traditionnels que tout le monde connaît. Nous avons commencé par les huiles d’olive et les olives, et nous sommes partis à la rencontre des chef(e)s avec nos scooters pour leur faire découvrir nos produits en nous disant que si ça leur plaisait, ça plairait à tout le monde. Nous avons notamment rencontré Christian Etchebest qui a adoré nos produits et nous a envoyés vers d’autres confrères », se rappellent-ils. Aujourd’hui, ils fournissent plus de 100 chef(fe)s étoilés.

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Chez Kalios, on peut retrouver des huiles d’olives, des épices et assaisonnements, des confitures et du miel, des herbes et infusions… Avec le chef colombien Juan Arbelaez, ils ont créé les restaurants Yaya : « Nous l'avons rencontré en 2014 et avons vite sympathisé. Un jour, nous lui avons déposé l’une de nos huiles pour qu’il l’intègre dans ses recettes, et le soir même il nous a téléphoné pour dire qu’il avait adoré. Pendant la Coupe du monde, il nous a invités à regarder le match Colombie-Grèce avec comme gage pour le perdant de se rendre dans la famille de l’autre. La Grèce ayant perdu, il a tenu parole et est venu à Neochori-Ithomi. » De cette amitié est née une réelle collaboration et ils fondent avec lui Eleni Group, qui réunit Kalios et les restaurants Yaya.

Au total, ils comptent treize restaurants, et ont comme objectif d’en ouvrir trois par an, notamment dans les grandes villes. L’idée de créer une chaîne de restaurants est venue du chef colombien en 2017 suite à un concours Unibail. « Nous sommes arrivés deuxièmes et Juan nous a fait comprendre qu’il ne voulait pas s’arrêter là. Nous avons ouvert notre premier restaurant sur les docks à St-Ouen, c’était ambitieux puisque c’était une sorte de no man's land, avec peu d’habitations dans le coin. » Leur souhait est de continuer à faire découvrir cette cuisine généreuse, adaptée aux saisons, avec cet ADN familial qui perdure. « Notre père nous rend parfois visite à l’improviste et teste les produits », confient-ils en riant. Ils ont également sorti Kalamata, un ouvrage mélangeant des recettes emblématiques, illustrées par les sublimes photos de Martin Bruno qui résument bien la beauté et l'authenticité de la Grèce. De quoi donner l'eau à la bouche, et comme on dit en Grèce, kali orexi [bon appétit] ! 

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