Eric Saint-Frison, silver geek

Il a fait toute sa carrière dans l’automobile mais Eric Saint-Frison n’a pas suivi une route toute tracée. Alors qu’il occupait les postes prestigieux de président de Ford Motor Company France et de directeur général de Ford France, il décide en 2007 de se lancer dans l’entreprenariat en fondant Go Between Conseil (consulting en marketing, stratégies & internet en liaison avec le secteur automobile) puis Digital Dealer (agence marketing spécialisée dans l’élaboration de stratégies et d’outils web à destination des distributeurs automobiles).

Nouveau virage en 2014 avec la revente de ses sociétés au groupe Argus, spécialisé dans la distribution automobile et célèbre auprès du grand public grâce à la fameuse Cote Argus. Il prend alors le poste de directeur de l’innovation. «Ce titre me plaît car il correspond à mon mode de pensée. Je veux tout tester, que ce soit le dernier appareil photo, les drones ou des nouvelles applications», annonce celui qui s’auto-baptise le «silver geek».

Jeune grand-père de 57 ans, mais toujours touche-à-tout technologique, Eric Saint-Frison accompagne donc le groupe Argus dans sa mutation numérique. «Ma mission est d’insuffler de nouvelles idées et d’être proactif dans la recherche d’innovations afin que le groupe devienne une référence absolue dans la production d’outils digitaux dans la distribution automobile. Mon premier chantier a été de repenser notre logiciel Planet VO [spécialisé dans l’administration des véhicules d’occasion] du point de vue des utilisateurs pour une navigation plus efficace.»

«Manager en mouvement».

S’il fourmille d’idées, Eric Saint-Frison sait s’entourer de collaborateurs brillants. Convaincu qu’«on réfléchit mieux à plusieurs», il souhaite que les 220 salariés du groupe soient, tout comme lui, en perpétuelle quête de nouveautés. «Je suis plus exigeant sur le savoir-être et l’ouverture d’esprit que sur le savoir-faire. J’estime qu’on régresse lorsqu’on n’est pas curieux», glisse ce passionné de nouvelles technologies, mais aussi d’automobile, de photos et de voyages.

«D’ailleurs, si je me vois comme un manager en mouvement, je peux passer pour un manager agité qui peut fatiguer ses collaborateurs», ajoute-t-il. Ce que confirme Emmanuel Charpentier, qui a travaillé avec lui chez Ford: «Il faut arriver à le suivre car il veut toujours engager 100 choses en même temps. Dans la mise en œuvre, parfois ça va un peu dans tous les sens, mais il sait qu’il a une obligation de résultats et qu’il l’atteindra.»

Conscient de son exigence envers ses équipes et de son insatisfaction chronique («envers moi et les autres»), Eric Saint-Frison sait reconnaître les efforts («même mes stagiaires, à qui j’ai toujours beaucoup demandé, je les ai toujours surpayés»). Une philosophie qu’il partage avec Argus. «On paye les efforts, les talents» et les prises de risque… «Ce n’est pas grave qu’une personne rencontre un échec. Ce que je ne veux pas, c’est qu’elle n’apprenne pas de ses erreurs et qu’elle vive deux fois le même échec.»