E-COMMERCE
Le CEO du site de dépôt-vente de luxe, Vestiaire collective, Sébastien Fabre, incite ses collaborateurs à être créatifs, voire prolifiques, quitte à se tromper. L'objectif: avancer à toute vitesse.

Des portants à roulettes chargés comme des mules transitent d’un bureau à l’autre, charriant des robes, manteaux, sacs à mains… Bienvenue chez Vestiaire collective, dépôt vente sur internet de vêtements et accessoires de luxe, installé près de la Porte de Versailles, à Paris. Créé début 2009, Vestiaire collective a réalisé en 2014, 46 millions d’euros de volume d’affaires et compte 150 salariés, dans ses bureaux à Paris, Londres, New York et Berlin. Pour fonder l’entreprise, Sébastien Fabre (ex-Microsoft, Netclub…), s’est associé, entre autres, à Sophie Hersan, qui avait une expérience en bureaux de style.  

«Elle m’a apporté la compréhension de l’industrie de la mode, dit Sébastien Fabre. Ce qui m’intéresse c’est de modéliser la dimension communautaire de l’internet: dans l’univers de la mode, les gens s’observent beaucoup, et il y a des influenceurs importants.» Pour devenir incontournable dans cet univers, le manager a une obsession: la vitesse. «J’attends des gens qu’ils soient prolifiques, créatifs, qu’ils livrent les projets plus vite que l’échéance, quitte à se tromper, cela implique d’avoir moins de process et très peu de niveaux hiérarchiques, nous avons quatre strates maximum entre direction et équipes opérationnelles, précise Sébastien Fabre. Je veille à ce que n’importe qui dans l’entreprise sache et comprenne exactement à quelle étape on est, où l’on va. Plus vous donnez d’informations aux équipes sur l’activité, plus elles ont envie de s’engager.»

Changement de dimension

En 2013, l’entreprise change de dimension, avec l’arrivée de deux investisseurs de poids: Advance (fond du groupe média Condé Nast) et Id-invest, qui ont apporté 20 millions d’euros. Le partenariat avec le groupe Condé Nast ne s’arrête pas là: «On appose le label “sélection Vogue” ou “Glamour” sur certains produits, et les ventes augmentent de 10%, se félicite Sébastien Fabre. Et puis les équipes éditoriales de Condé Nast produisent également du contenu pour nous.» Rapport de cause à effet? En tous cas les clientes de Vestiaire Collective (95% des ventes) sont fidèles: la dépense moyenne des utilisateurs est de 2000 euros, sur trois ans.

En 2015, Vestiaire Collective poursuit sa croissance: une vingtaine d’embauches sont prévues en France (marketing, mobile, direction artistique...) «C’est ma boîte, il y a des phases de vie différentes et je vois comment je peux y contribuer et où je peux l’emmener», dit le manager. «C’est plutôt un bâtisseur, il capte beaucoup d’idées, sait les mélanger et en faire un projet, juge Olivier Marcheteau, arrivé récemment comme directeur général de Vestiaire collective. Il est très créatif et clair sur qu’il sait construire, et capable de se projeter dans la phase d’après.»

Enfin le boss n’hésite pas à s’effacer derrière des nouveaux talents si besoin: «Je sais qu’il y a des gens meilleurs que moi pour faire en sorte que l’entreprise accélère et passe de 50 millions à 1 milliard d’euros de volume d’affaires, c’est pourquoi je viens de recruter Olivier Marcheteau, ex-président de C Discount et ex-Microsoft. Je compte sur lui à la fois pour son intuition et accélérer le développement.» Aujourd’hui, Sébastien Fabre affiche le quatrième salaire de l’entreprise et c’est presque une fierté. Par ailleurs plutôt matinal, le manager commence sa journée à 4 heures du matin, par une heure de mails; Au même moment sur son site, ses premières acheteuses arrivent.   

Parcours

1970. Naissance à Grenoble (Isère).

1996. MBA d’Oxford Brooks university.

1997. Business developer pour Vivendi pôle internet.

1998. Responsable partenariats stratégiques Microsoft France.

2004. DG Internet de Net Club (site de rencontres), finalement racheté par Match.com.

2009. Cofonde Vestiaire collective.

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