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Avis d'expert
«Une constitution de 36 pages définit les règles»
Bernard-Marie Chiquet, directeur d’IGI Partners, cabinet de recherche en méthodes de management
D’où vient l’holacratie?
Bernard-Marie Chiquet. Le concept a vu le jour en 2001 chez Ternary Software, une entreprise américaine. L’un des jeunes fondateurs, Brian Robertson, ne se voyait absolument pas travailler toute sa vie dans une entreprise classique. Il a décidé d’inventer un nouveau modèle d’organisation inspiré des méthodes agiles du MIT (Massachussetts Institute of technology). Il a décidé de baptiser ce concept: «holacracy». Puis de le diffuser à d’autres sociétés afin que cela devienne un méta-outil. L’«holacracy» comprend une constitution, avec ses règles du jeu: 36 pages en open-source.
L’engouement pour ce mode d’organisation est-il fort?
B.-M.C. Il y a de plus en plus d’entreprises qui s’y convertissent. La plus célèbre est la société e-commerce, Zappos, avec ses 1500 salariés ou encore l’agence de marketing Me Plus You (ex IMC2, 200 salariés) aux Etats-Unis. En France, des sociétés assez diverses se convertissent à l’holacratie: comme par exemple l’une des directions de Kingfisher (bricolage) ou les magasins bio, Scarabée biocoop (170 salariés).
Comment expliquez-vous ce mouvement?
B.-M.C. Le modèle de management actuel, très hiérarchisé, a été inventé il y a plus d’un siècle, et il est fondé sur une dualité manager-salarié, avec un droit du travail pour réguler cette relation. Aujourd’hui il y a une aspiration forte pour l’entreprise libérée, une structure où il n’y a plus de manager du tout.
L’holacratie, comment ça marche?
1- Il faut commencer par réfléchir à la raison d’être de l’entreprise et établir une cartographie des missions de chacun. Puis attribuer un ou plusieurs rôle(s) aux collaborateurs. Au sein de ces rôles chaque salarié est totalement autonome, il a simplement des «redevabilités» vis-à-vis de l’organisation. 2 -Créer des cercles: le cercle général (de gouvernance), puis par métiers (commercial, gestion, finance…). 3 – Organiser des réunions régulières pour chacun de ces cercles en respectant la «Constitution» de l’holacratie qui fixe le cadre de ces échanges. Rien n’est laissé au hasard lors de ces réunions, qui suivent un déroulé prévu par un logiciel baptisé Glassfrog.