Cécile Lagé (FDJ), hors cadre

Tambour battant! A peine trois mois après avoir été nommée chief digital officer (CDO) de la Française des jeux, à l’été 2015, Cécile Lagé lançait le plan digital de l’entreprise, avec un axe: replacer le client au cœur de la stratégie. «Il s’agit de remettre à plat la stratégie marketing à cinq ans, en plaçant le digital au centre», dit Cécile Lagé. Elle forme un tandem de femmes, avec la PDG de la Française des jeux, Stéphane Pallez, qui a insufflé ce mouvement en 2014. Première conséquence concrète, Cécile Lagé a réuni depuis le 1^er janvier 2016 les équipes marketing et digitales dans un même département (140 personnes) et a endossé le titre de chief marketing & digital officer.

Principal atout de Cécile Lagé pour y parvenir: son énergie. «Elle a beaucoup d’enthousiasme, elle est armée pour faire bouger une grande entreprise comme la nôtre qui a une tendance à l’inertie», dit Cédric Breton, directeur de l’expérience et de la connaissance client de l’entreprise. Autre caractéristique de cette manager: elle cherche en permanence à sortir du cadre. «La preuve, il y a deux ans, elle ne connaissait pas grand-chose au digital et aujourd’hui, elle est le moteur de la transformation digitale de la Française des jeux», relève Cédric Breton. Certes elle pouvait aussi s’appuyer sur sa double formation initiale d'ingénieure et de marketing. 

«Le fait de ne pas être une experte du digital n’est pas un frein, souligne Cécile Lagé. J’ai su m’entourer des bonnes personnes et mon rôle est plutôt d’aligner tout le monde, de challenger l’organisation».

Solutions concrètes

Le chantier de la transformation digitale à la Française des jeux, est gigantesque: «Cela touche aussi bien la commercialisation des jeux, les points de ventes, que la façon de travailler des collaborateurs», détaille-t-elle. Une mission menée de concert avec la Direction des systèmes d’information (DSI) et la DRH. Le style de cette «CDMO»? «Elle est très pragmatique et courageuse mais pas téméraire dans l’expérimentation, note Pierre Calmard, président de l’agence I-Prospect. Autrement dit, elle n’est pas du genre à lancer des projets loufoques, elle va plutôt chercher des solutions concrètes et réalistes pour changer les choses.»

Cécile Lagé fait aussi en sorte que le digital change le mode de travail de ses équipes: «En ce moment j’incite mes collaborateurs à renoncer aux Powerpoint très travaillés pour aller vers des présentations avec moins de supports, plus informelles, et c’est une révolution culturelle pour un département marketing, poursuit-elle.

Le numérique doit aussi changer notre approche, avec cette notion de temps réel, plus informel, plus en réseau.» Quand elle recrute de nouveaux talents, la manager cherche avant tout des gens «ouverts»: «J’essaye de voir dans quelle mesure ils sont connectés aux autres? Comment ils font pour résoudre un problème? Je teste leur curiosité, j’essaye de comprendre de quelle manière ils cultivent leur réseau, s’ils font de la veille digitale…»

Enfin, s’il est trop tôt pour que cette transformation digitale produise des succès impressionnants en termes de business, de l’aveu même de Cécile Lagé, il y aura sans doute un premier rendez-vous test important pour cette nouvelle organisation: l’Euro de football en juin, dont la marque est partenaire. «L’essentiel de nos activations autour de l’Euro reposent sur une plateforme digitale pour les joueurs et les détaillants», conclut la manager.