Jean-François Pillou (groupe Figaro), chef de labo

Difficile de dissocier le management de Jean-François Pillou du mode de fonctionnement de CCM Benchmark, dont il a posé la première pierre en 1999 et que le groupe Figaro a racheté en octobre 2015 pour plus de 100 millions d’euros. «Aujourd’hui, CCM sert de laboratoire d’expérimentation pour tout le groupe Figaro», explique le fondateur de Comment ça marche, désormais directeur délégué chargé du développement numérique du nouvel ensemble.

Lui se définit comme «un vulgarisateur», qui aime mettre les mains dans le cambouis, tester des choses. «L’application CCM pour Iphone, je l’ai développée tout seul, pour apprendre. Désormais, quand je m’adresse aux développeurs, nous parlons le même langage», insiste-t-il.

Ingénieur en mécanique de formation, Jean-François Pillou a toujours travaillé en tandem. A lui le produit, à son acolyte le business. Il y a d’abord eu Benoît Sillard au Ministère de l’Education nationale, puis son associé à CCM jusqu’à son rachat par Le Figaro. Benoît Sillard parti, il y a désormais Pascal Pouquet, codirecteur des nouveaux médias du groupe et désormais aussi codirecteur général délégué de CCM Benchmark.

«Jean-François Pillou est un évangéliste, qui partage sa vision sans être directif. Il apporte des solutions à ses équipes et fait en sorte qu’elles puissent s’en emparer et être autonomes dans leurs missions», remarque Pascal Pouquet. Sous leur direction, les 200 salariés de CCM Benchmark, dont 170 à Paris, qui se répartissent entre la technique, la rédaction, le commercial et les fonctions support.

Micro-entrepreneurs

Ici, les rédacteurs ne sont pas journalistes, une distinction pleinement assumée. «Ce sont des micro-entrepreneurs de leur rubrique. Ce qui compte à la fin, c’est que l’audience de leur chaîne monte et ils peuvent faire ce qu’ils veulent pour y arriver, comme acheter du contenu ou créer un événement», souligne Jean-François Pillou. Pour Pascal Pouquet, les équipes de CCM Benchmark ont pour points communs l’autonomie, la polyvalence et la rapidité d’exécution. «Nous ne recrutons que des gens qui peuvent se fondre dans cet environnement», insiste-t-il.

Et lorsque l’entreprise annonce un prochain déménagement pour la rentrée 2015, avant même son rachat par Le Figaro, la direction demande aux salariés de choisir le site qu’ils préfèrent. «En cumulé [en additionnant le temps de transport gagné par tous les salariés], cet immeuble rue de Provence permettait de gagner chaque jour 39 heures de travail», sourit Jean-François Pillou, fier d’exhiber sur l’écran de son smartphone la photo de ses salariés le jour de l’emménagement.

C’est cette identité que Jean-François Pillou a voulu préserver en s’associant au groupe Figaro. «Nous tenions à garder notre autonomie de fonctionnement et notre agilité. Pour certains projets, il n’y a qu’une ou deux semaines entre l’idée et le lancement. Avoir un circuit court est la clé», estime le dirigeant.

Dernier exemple en date, la création de l’application Snapstars, une sorte d’annuaire des célébrités sur le réseau Snapchat. Suivra d’ici à la fin du mois d’avril une nouvelle version de l’appli Next Freeze. Derrière ces projets, le site jeune de CCM Benchmark, Nextplz, qui revendique quatre mois après son lancement 500 000 visiteurs uniques par mois sur ordinateur et 200 000 sur mobile.