Le changement (d’organisation), c’est maintenant ! Extrême Sensio, 70 salariés, est en train de basculer dans un système d’agence ouverte. «L’idée est d’avoir des équipes ad hoc qui se regroupent par projet et des compétences qui s’agrègent et se séparent au gré des projets, détaille Lucas Denjean, le directeur général de cette agence digitale. Nous cassons les logiques de départements, réorganisons les process de travail et cela va aller jusqu’à créer six à sept nouveaux espaces pour favoriser cette nouvelle collaboration.» Une transformation radicale de la façon de travailler, mais qui ne sera pas la dernière selon le manager : «Tous les trois ans, on change du tout au tout, plan stratégique, positionnement, on se réajuste, on crée ou supprime des fonctions», poursuit Lucas Denjean. L’agence a intégré les méthodes des start-up, avec leurs fameux pivots, à la seule différence que le métier reste le même : accompagner les projets digitaux des annonceurs.
La foi dans un projet collectif
Architecte en chef de cette mue permanente, Lucas Denjean, 36 ans, a rejoint Sensio comme chef de projet, en 2007, une entité de dix personnes. «Quand j’ai été nommé DG en 2013, le pari n’était pas gagné, on a lancé en quelques semaines le nouveau projet d’agence, sa signature, et il a même fallu créer un comité de direction, se souvient le jeune manager. J’ai réussi à communiquer cette foi dans le projet collectif.»
Un mouvement plutôt porteur pour l’agence : Extrême Sensio a réalisé près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et affiche 65% de croissance depuis 2012. «Lucas a une bonne capacité à refondre l’organisation régulièrement ; lui-même montre l’exemple en se remettant en question, en cherchant à se dépasser en permanence», s'enthousiasme Grégory Pascal, président-fondateur d’Extrême Sensio.
Les limites de Lucas Denjean («Lulu» pour les intimes chez Extrême Sensio) ? «On est jamais assez bon en com’, note-t-il. J’ai fait le choix d’être proche des équipes ; aussi, il peut y avoir une certaine porosité : mes humeurs, mes colères, mes frustrations peuvent parfois contaminer le collectif. Aujourd’hui je fais attention à cela.»
Des salariés acteurs du projet
Sa méthode pour embarquer les collaborateurs ? Des feuilles de route très détaillées pour chacun, avec le cadre, les moyens… «C’est indispensable de nourrir les salariés pour les rendre acteurs du projet, de leur donner de la visibilité sur l’objectif de l’agence, comment on se positionne sur le marché ? Comment on s’adresse aux clients ?», dit-il.
Autre obsession du directeur général d’Extrême Sensio : «Tenter de rester une agence familiale ; c'est pour cela qu'il cultive les rituels : déjeuner d’équipe et apéritif mensuel…. Cela permet de fluidifier les relations, de libérer la parole. Et l’on encourage et sponsorise toutes les initiatives qui s’inscrivent dans cette logique : équipes de football, cours de gym.»
Quand il s’agit de recruter, Lucas Denjean a une question fétiche pour cerner la personnalité du futur collaborateur : «Si j’appelais votre meilleur ami, qu’est-ce qu’il me dirait de vous ?» Le manager veille à ce que la personnalité du candidat colle avec l’esprit de l’agence : «Aujourd’hui, il y a une telle confusion entre ce que l’on est et son job, que je cherche à comprendre ce qui est important pour le candidat, ses valeurs, et ce qu’il souhaite retrouver dans l’environnement de travail. C’est un peu comme une rencontre amoureuse…»
Parcours
1980. Naissance à Montpellier (34).
2004. Diplômé de l’Edhec.
2004. Chef de pub chez BETC.
2005. Rédacteur «d’Internet média cannibale» pour l’EBG.
2006. Chef de projet chez Sensio.
2012. Scission de Sensio en SensioLabs (créateur de Symfony) et Extrême Sensio.
2013. Directeur général d’Extrême Sensio.