Digital manager
Le président-fondateur de Morning, Eric Charpentier, a installé sa start-up «fintech» dans un village de Haute-Garonne. Et mène la révolution digitale dans tous les sens du terme.

Je travaille dans un «toaster». J’ai installé ma start-up en pleine campagne, entre poules et moutons. Je compte révolutionner la banque en ligne. Je suis, je suis… Eric Charpentier, 40 ans, le fondateur et président de Morning (ex-Payname, appli de cagnotte et de paiement entre particuliers). Il ne faut pas se fier aux airs de doux-dingue de ce dirigeant: son entreprise a obtenu l’agrément d’établissement de paiement en juillet 2015, a levé 5 millions d’euros auprès de la Maif et du groupe La Dépêche du Midi, et proposera dès septembre des Mastercard à ses clients. Et si Eric Charpentier a quitté le centre-ville de Toulouse pour implanter le «toaster» (nom du bâtiment de 600 m2 qui héberge sa société) à Saint-Elix-le-Château (900 habitants), à 30 minutes au sud de la Ville rose, c’est parce qu’il envisage aussi de réinventer la façon de travailler. Morning emploie 50 salariés (70 à la fin 2016), revendique 60 000 clients et en gagne entre 4 000 et 5 000 chaque mois. Cette start-up se positionne comme une banque en ligne nouvelle génération: «Dès septembre, nous allons proposer à nos clients une présentation de compte sous forme de “time-line” et d’autres fonctionnalités innovantes, comme la possibilité de choisir son code de carte bancaire ou de mettre sa carte simplement en veille quand on pense l’avoir perdue, afin de pouvoir la réactiver si on la retrouve…, détaille le patron. Nous leur redonnons le contrôle de leur argent, avec par exemple la possibilité de désactiver les achats en ligne ou le paiement sans contact s’ils ne s’en servent pas.»

Management et parcours iconoclastes

Pour cela, il s’appuie sur une équipe de jeunes aventuriers, une bande de «comics» en quelque sorte: «Il nous a baptisé les X Men et nous on le surnomme professeur Xavier, sourit Aurélien Vialette, directeur marketing. La mission de chacun d’entre nous est d’essayer de changer les choses dans l’univers de la banque.» Son mode de management correspond à cet objectif: mettre ses collaborateurs en situation de relever ce défi, en étant à l’écoute de leurs besoins en termes de ressources, de temps, etc. «Son style de management est décomplexé, cela se retrouve autant dans sa tenue vestimentaire que dans la relation avec nous, constate Aurélien Vialette. Nous sommes bien loin des carcans managériaux enseignés dans les écoles de commerce.»
Il faut dire que ce patron est aussi iconoclaste par son parcours: éducateur de formation, il est aussi diplômé d’une licence de chimie et d’un master AES (administration économique et sociale). Il a ensuite créé plusieurs sociétés: une agence de service à la personne, puis une plateforme de vente en ligne de services de ménages, Dweho, qui a compté jusqu’à 150 salariés. Fin 2011, suite à un désaccord, Dweho a été mise en liquidation par ses actionnaires.

Pas de quoi refroidir Eric Charpentier: il a créé Payname en avril 2013, qui deviendra Morning. «Ces échecs-là permettent le succès de mon entreprise aujourd’hui, analyse-t-il. Cela m’a appris à lâcher prise dans le management, à être humble dans les relations d’équipes, à mieux définir le projet et à vraiment bien choisir mes investisseurs.»

Des CV de toute la France

D’où son rapprochement, cette fois-ci, avec le groupe La Dépêche du midi, qui est bien plus qu’un simple actionnaire: «C’est intéressant pour nous de nous enrichir de styles de management et de fonctionnement éloignés des nôtres, note Bruno Pachent, directeur développement-marketing du groupe de médias régional. Sa façon d’aborder la vie d’entreprise est très originale. Il a recréé un esprit de village à travers son campus connecté.» Et reçoit des CV de toute la France: son projet séduit en particulier les cadres parisiens qui rêvent de vivre les métiers du numérique à la campagne…

Ses hashtags marketing

#Authentique: porter un message simple, qui reflète ce que l’on est comme équipe et entreprise.
#Pragmatique: ne pas surjouer, se mettre à la portée de tous pour proposer une expérience utilisateur simple et transparente.
#Sociétal: au-delà de l’entreprise, du produit, voir comment notre projet peut changer la vie des salariés et avoir un impact sur le territoire.

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