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Si les entreprises sont de plus en plus nombreuses à utiliser le Web 2.0 dans leurs campagnes de marque employeur, le management collaboratif est toujours en friche.
Et dire que dans l'entreprise, ce devait être une révolution… Au moment de l'avènement du Web 2.0, il y a deux ans, tous les spécialistes des nouvelles technologies ont prophétisé que l'adoption des nouveaux usages d'Internet (blogs internes, wikis et autres messageries instantanées) transformerait radicalement les modes relationnels dans l'entreprise. La promesse? La fin d'un management vertical et hiérarchisé au profit d'une sorte d'école du partage et de la connaissance généralisée.
Aujourd'hui, force est de constater que ce nouveau modèle d'entreprise idéalisée n'a pas percé. Loin s'en faut. Pour la quasi-totalité des sociétés françaises, à l'instar de La Poste, la SNCF, Finaref ou encore BNP Paribas, les réseaux sociaux internes ne visent généralement qu'à accompagner l'innovation ou des programmes de formation.
«En tant que véritable outil de management, les entreprises restent peu nombreuses à s'être emparées des technologies du Web 2.0, regrette Carlos Diaz, directeur général de Blue Kiwi Software, spécialisée dans l'installation de solutions intranet. Nous les avons sans doute effrayées en évoquant une révolution, au lieu de communiquer sur des priorités économiques, comme le fait de permettre aux équipes d'être plus efficaces.»
Préjugés tenaces
Et pourtant… Gain de temps et de productivité, décloisonnement, valorisation des hommes: pour les entreprises utilisatrices de ces outils de partage, les bénéfices managériaux paraissent nombreux.
«Cela crée du lien entre nos collaborateurs et une saine émulation, explique Éric Camel, patron de l'agence de communication éditoriale Angie, où ont été mis en place il y a deux ans un blog interne et un wiki pour partager les bonnes pratiques. En outre, pour une direction, cela permet de mieux connaître ses collaborateurs, voire de mieux les évaluer.
Comment alors expliquer les réticences? «Les obstacles sont avant tout liés aux cultures d'entreprises», répond Bertrand Duperrin, un consultant de Blue Kiwi, animateur d'un blog (www.duperrin.com) sur l'entreprise 2.0. Dans la plupart des sociétés, le savoir se partage peu entre salariés car il est un élément essentiel d'une progression de carrière.
En outre, les préjugés sur les outils collaboratifs persistent. Nombre d'entreprises ont considéré que l'installation de tels outils était pour les salariés une invitation à se tourner les pouces. «Cela n'a aucun sens, rétorque Bertrand Duperrin. Si les salariés ne travaillent pas, ce n'est pas un problème d'outils mais de management.» Un message qui a du mal à passer. Beaucoup d'entreprises ont encore pour réflexe de brider les accès des ordinateurs de bureau à certains sites Internet, notamment les réseaux sociaux.
« C'est aller contre le sens de l'histoire, estime Christophe Deshayes, conférencier d'entreprise et fondateur de Documental, un observatoire dit impertinent des systèmes d'information et de la communication. Aujourd'hui, chacun utilise à son domicile les technologies du Web 2.0. En priver les individus au travail ne peut que générer de la frustration.»
Surtout vis-à-vis de la jeune génération. Ainsi, selon une étude récente de la société belge Telindus, spécialisée dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication, 39% des 18-24 ans envisageraient de quitter l'entreprise si l'accès à des sites comme Facebook leur était interdit et 21% en tireraient une mauvaise image de l'employeur.
Trop de langue de bois
Du reste, pour attirer les jeunes diplômés, les entreprises ne se privent pas de l'estampille 2.0 dans leur communication de recrutement. Podcast de directeur des ressources humaines ou de salariés, présence sur Second Life ou dans des salons virtuels, création de blog RH, etc. Depuis deux ans, on ne compte plus les entreprises à avoir converti leur marque employeur au 2.0.
« L'idée est d'associer les collaborateurs à la proposition de marque faite aux candidats potentiels en jouant la carte de l'interactivité et de la sincérité», précise Thomas Delorme, responsable stratégies interactives de l'agence TMP Neo.
Problème: les résultats sont rarement probants, avec des témoignages de collaborateurs qui ressemblent souvent à des testimoniaux rédigés par le service de communication. «Les entreprises ont pourtant bien compris qu'elles n'avaient pas intérêt à se survendre», précise Thomas Delorme.
Selon lui, le problème viendrait plutôt des salariés, qui n'arriveraient pas à se lâcher sur ces plates-formes. «D'ailleurs, on les invite souvent à dire du mal de l'entreprise pour faire plus vrai. Il faut peut-être laisser du temps au temps. Peu à peu, nul doute qu'ils auront moins d'appréhension.»
Concernant, l'installation du 2.0 dans le management, Carlos Diaz est tout autant optimiste. «Les entreprises que nous rencontrons sont toutes intéressées par nos solutions, affirme-t-il. Ça va finir par décoller.» Mais gare aux effets d'annonce. Car, comme dit un proverbe corse, «Entre le dire et le faire, il y a la mer».
(encadré)
L'ordinateur de bureau ne sert pas qu'à travailler
Si les salariés apportent de plus en plus souvent du travail à la maison, ils apportent également leur vie privée au boulot. Selon une enquête du cabinet d'études américain New Diligence, 74% utilisent leur ordinateur au bureau pour des activités personnelles. Shopping, réservations de voyages, consultations de compte bancaire, courriels non professionnels, l'ordinateur de bureau ne sert (évidemment) pas qu'à travailler. Sachant que 11% des sondés ont refusé de répondre, ceux qui déclarent un usage strictement professionnel de leur ordinateur sont réduits à la portion congrue. Quelque 57% des personnes interrogées utilisent également leur ordinateur pour écouter de la musique ou regarder des vidéos et 44% pour discuter avec leurs proches via des logiciels de messagerie instantanée.